Frans Brüggen (1934-2014). Photo : (c) Annelies van der Vegt
Né le 30 octobre 1934 à Amsterdam,
Frans Brüggen est le premier grand virtuose moderne de la flûte à bec et de la
flûte traversière baroque, deux instruments qui n’existaient quasi plus avant
lui. Il a ainsi démontré que le premier est un instrument de musique à part entière, contrairement à celui qui aura dégoûté à jamais de la musique quantité d’adolescents dans les collèges. Brüggen est aujourd’hui encore considéré par les flûtistes
à bec comme le père du renouveau de l’école de leur instrument.
Frans Brüggen (1934-2014). Photo : DR
Frans Brüggen, qui avait étudié la
flûte à bec avec Kees Otten et obtenu un premier prix de flûte au lycée musical
d’Amsterdam ainsi que son diplôme de musicologie à l’Université de sa ville
natale, était devenu un professeur fort couru. Il a fondé une grande école de
flûte à bec où il formera les plus éminents de ses jeunes confrères. Dès 1955,
il enseigne au Conservatoire de La Haye jusque dans les années 1970 et
participe dans les années 1960-1980 à la renaissance de la flûte baroque. En
1972-1973, l’Université de Harvard l’invite à donner des conférences consacrées
à la musique baroque, qu’il enseigne également au Conservatoire d’Amsterdam. Son
style brillant, sa vélocité, ses sonorités transparentes et fluides le
conduisent très vite à collaborer avec des musiciens comme Gustav Leonhardt et
Anner Bylsma. Il renonce progressivement à la flûte moderne de Boehm au profit
des originaux ou de leurs copies, du XVIe au XVIIIe
siècle. Ce qui ne l’empêche pas de s’intéresser à la musique de notre temps, au
point que Luciano Berio lui dédie en 1966 ses Gesti, qui associent jeu traditionnel et théâtralité, et d’être
membre du groupe d’avant-garde Sourcream.
Frans Brüggen (1934-2014). Photo : DR
Après avoir créé un premier
ensemble, le Brüggen-consort, Frans Brüggen se tourne de plus en plus vers la
direction d’orchestre et fonde en 1981 l’Orchestre du XVIIIe Siècle où
il réunit une cinquantaine d’instrumentistes en provenance de seize pays
différents pour des sessions annuelles. Avec cette formation, il donne une
impulsion nouvelle à l’interprétation du répertoire symphonique baroque et
classique sur instruments d’époque, avec quelques incursions dans le premier
romantisme. Cette quête de l’« authenticité » conduit les grands
orchestres symphoniques à faire appel à ses services pour diriger et travailler
Haydn, Mozart et Beethoven, particulièrement l’Orchestre Philharmonique de Vienne,
l’Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam et l’Orchestre de Paris qui l’invitent
tous pour des sessions annuelles. Il est également l’un des hôtes privilégiés
de l’Orchestre de l’Âge des Lumières dont il est Chef émérite. De 1991 à 1994,
il est le directeur musical du Het Radio Kamerkorkest dont il est ensuite
chef associé aux côtés de Péter Eötvös de 2001 jusqu’à sa dissolution en 2005.
Frans Brüggen (1934-2014). Photo : DR
Frans Brüggen est mort dans la
matinée de mercredi 13 août 2014. Il avait 79 ans. Epoux de l’historienne d’art
Machtelt Israëls, il est le père de deux filles, Zephyr et Eos.
Frans
Brüggen laisse à la postérité une impressionnante discographie, dans chacune de
ses spécialités. En tant que flûtiste à bec, il convient de retenir entre
autres une anthologie de douze CD qui couvre tout le répertoire de cet
instrument (Teldec Classics), une autre consacrée à dix maîtres italiens de la
flûte à bec (Telefunken das alte Werk) et les Concertos brandebourgeois de Jean-Sébastien Bach avec Gustav
Leonhardt, Sigiswald et Barthold Kuijken et Paul Dombrecht (Seon/Sony). A la
flûte traversière, notons les Sonates et
Partita pour flûte de
Jean-Sébastien Bach et les Sonates
méthodiques de Telemann (Seon/Sony).
Comme chef, il a gravé les intégrales
des symphonies de Beethoven et de Schubert, plusieurs symphonies (Sturm und Drang, Parisiennes, Londoniennes)
et les Sept dernières Paroles du Christ
sur la Croix de Haydn, des symphonies, la Gran Partita, la Messe du
Couronnement et le Requiem de
Mozart, les deux Passions et la Messe en si de Jean-Sébastien Bach, le
tout chez Philips/Glossa.
Bruno Serrou
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