Charles Chaynes (1925-2016) à sa table de travail en son domicile de Saint-Mandé (Val-de-Marne). Photo : DR
« Dans ma vie, dans toutes mes œuvres, j’entrouvre une
fenêtre vers un horizon d’espoir et de lumière », déclarait Charles Chaynes en 1995.
Ce musicien d’une grande disponibilité, profondément humain, au fort accent de terroir pyrénéen, est resté fidèle à lui-même toute sa vie, sans jamais céder
aux variations du vent musical, tout en se montrant ouvert à toutes les écoles
et tendances, qu’il programmait sans restrictions autres que qualitative comme
directeur de France Musique et qu'il se plaisait à commander dans le cadre de ses fonctions de responsable des commandes des formations musicales de Radio France. Il est mort à Saint-Mandé (Val-de-Marne) vendredi 24 juin 2016.
Charles Chaynes (1925-2016); Photo : (c) Guy Vivien
Charles
Chaynes est né à Toulouse le 11 juillet 1925 de parents musiciens, tous deux professeurs
au Conservatoire de la capitale languedocienne, qui lui donnent ses premières
leçons de violon et de théorie. Il poursuit ses études au Conservatoire de
Toulouse, puis, à partir de 1942, au Conservatoire de Paris, où il obtient ses
premiers prix de violon, d’harmonie, de fugue, et de composition dans les
classes de Darius Milhaud et de Jean Rivier. En 1951, il remporte le Premier
Grand Prix de Rome. Pensionnaire de la Villa Médicis de 1952 à 1955, il retrouve
à son retour à Paris Marius Constant, qui l’appelle auprès de lui à la
direction de France Musique qu’il vient de créer au sein de l’ORTF. En 1965, il
reçoit le Grand Prix de la Ville de Paris. Directeur de France Musique jusqu’en
1975, il devient cette année-là chef du Service de la Création musicale à Radio
France, fonction qu’il occupe jusqu’en 1990. Lauréat du Concours Prince Rainier
de Monaco et de la Tribune Internationale des Compositeurs de l’Unesco pour sa
pièce pour soprano et orchestre Pour un monde noir en 1979, il est élu à
l’Académie des Beaux-Arts en novembre 2005 au fauteuil précédemment occupé par son mentor Marius Constant. Au sein d’un catalogue comptant des œuvres de musique de
chambre et d’orchestre, se détachent cinq opéras, Erzsebet (1982), Noces
de Sang (1986), Jocaste (1992) et Cecilia (1998). Sa
cinquième partition lyrique, Mi Amor sur un livret d’Eduardo Manet, a été
créée au printemps 2007. « J’ai
toujours été influencé par le dodécaphonisme, reconnaissait-il. Cela dit, ma principale préoccupation a été
d’écrire une musique expressive. J’écris en fonction d’une ligne vocale en me
préoccupant de la clarté de l’expression. »
Charles Chaynes (1925-2016) en 1968. Photo : DR
Sa carrière
est jalonnée de nombreux prix et récompenses : Grand Prix Musical de la Ville
de Paris (1965), Prix du Disque de l’Académie du disque français (1968, 1970,
1975, 1981), Grand Prix du Disque de l’Académie Charles Cros (1984), Orphée
d’Or de l’Académie du Disque Lyrique
(1996, 2003), Prix Ciano del Duca de l’Académie des Beaux-Arts (1998). « … Sa technique d'écriture est marquée par une profonde indépendance. La
recherche de sonorités, les combinaisons de timbres toujours renouvelées, sont
une constante de sa production. Il a compris le sens des recherches de son
temps en y apportant sa contribution avec une vive invention… », écrivait Claude Rostand dans le Dictionnaire de la musique contemporaine.
Voilà tout juste dix ans, j'avais passé quatre jours en son domicile de Saint-Mandé en compagnie d'une équipe de tournage pour l'interviewer treize heures durant pour les archives filmées de l'Institut National de l'Audiovisuel (INA) pour la collection Musique Mémoire, document qui n'a finalement jamais été monté et qui reste de ce fait en l'état de rushes, l'INA ayant cessé cette série co-produite par la SACEM, le Ministère de la Culture et la SACD, au terme de ce tournage, le nouveau Président de l'INA nommé à l'époque ayant décidé de ne plus constituer d'archives pour consacrer son entreprise aux seules collecte et numérisation des archives des chaînes de télévision publiques... Et l'on sait combien lesdites chaines s'inréressent à la création musicale...
Bruno Serrou