Paris, Salle Pleyel, lundi 5 novembre 2012
Manfred Honeck et Jennifer Ross, soliste des seconds violons du Pittsburgh Symphony Orchestra. Photo : DR
Pittsburgh Symphony
Orchestra... Encore une formation symphonique d'excellence dans le carrousel de prestigieuses phalanges présenté
par la Salle Pleyel. Une fois encore un orchestre nord-américain, symbole d’une ville, source
de fierté locale dont il porte le renom dans le monde entier. Cité
des berges de l’Ohio en Pennsylvanie, Pittsburgh et ses 306.000 habitants suivent leur
orchestre porte-drapeau avec grande attention, tant à la radio et à la télévision que
dans sa salle attitrée, le Heinz Hall, et celles de tous les Etats-Unis où il
est invité, et jusque dans les tournées. Le PSO compte parmi les membres du
club très fermé des Big Ten des Etats-Unis. Ce qui est fort mérité, à en juger
par la splendide prestation donnée hier soir au public parisien dans un programme
pourtant des plus pratiqués.
Manfred Honeck et les musiciens du Pittsburgh Symphony Orchestra
Héritier d’une tradition
forgée depuis 1895 par des chefs comme Victor Hebert, Emil Paur, Otto Klemperer,
Fritz Reiner, William Steinberg, André Previn, Lorin Maazel et Mariss Jansons,
Manfred Honeck (1) perpétue les très hautes qualités intrinsèques de cette
remarquable formation de cent musiciens, qui attestent d’un son, d’une homogénéité, d’une virtuosité comme il en est peu. Il faut
dire que le brillant chef autrichien, violoniste et altiste accompli formé à l’école
de l’orchestre au sein du Philharmonique de Vienne, a le sens du récit, de la
nuance, dirigeant avec une conviction communicative, une intuition des
contrastes manifeste, sachant se faire autant poète qu’audacieux. Un premier
violon éblouissant (Noah Bendix-Balgley), un cor anglais onirique et tendre (Harold
Smoliar) malgré une petite acidité, des trompettes de braise, des cors caverneux
et colorés, des bois de soie... font le reste. Le tout s’est épanoui dans une Symphonie « du Nouveau Monde »
d’Antonin Dvorak d’une beauté de braise, élancée, avec des moments d’un intense
onirisme et d’autres terriblement dramatiques, mais jamais larmoyants, gorgée d’embruns
et de tendre générosité. Le chef autrichien est clair dans ses gestes et ses intentions, et va
chercher loin le son qu’il semble puiser du plus profond du sol pour l’emmener jusque
vers l’éther.
Nikolaj Znaider. Photo : DR
Le Concerto pour violon de Jean Sibelius hume bon le terroir finlandais dans les fortississimi et les tutti, l’orchestre dépeignant avec justesse
les divers climats de l’œuvre, tandis que le soliste, plus impliqué que le 2 mai dernier sous la direction de Péter Eötvös dans le deuxième concerto de Bartók dans cette même Salle Pleyel, Nikolaj Znaider, lui-même chef d’orchestre, communie avec les musiciens du PSO sans tirer jamais la couverture à lui, malgré
son extrême virtuosité que magnifie un son d’une
ampleur et d’une amplitude infinies. Sous ses doigts, tout coule de source, sans jamais
forcer le trait, le violoniste danois se faisant toujours poète, avec ce qu’il
faut de nostalgie mais d’une force mâle qui donne une vigueur au propos par sa robustesse
sibélienne que l’on aimerait trouver plus souvent dans les exécutions de cette
œuvre splendide. Les variations d’intensité sont inouïes, surtout dans les pianississimi. Taillé tel un bûcheron,
grand de stature et large d’épaules, Znaider est d’une précision phénoménale,
tout en chant et en longs phrasés, même dans les coups d’archets les plus
serrés, qui se font un peu secs parfois, mais sans excès.
En ouverture de concert, le Pittsburgh Symphony Orchestra a donné une partition contemporaine pour très grand orchestre, Silent Spring, dans la tradition symphonique typiquement étatsunienne dans la lignée de Samuel Barber, Aaron Copland et Walter Piston, d’un Américain de 63 ans, Steven Stucky (né en 1949). Une œuvre d’une vingtaine de minutes pavée de bonnes intentions (ici le cancer du poumon) qui fait beaucoup de bruit et qui trahit hélas le mauvais goût et le manque d’originalité d’une Amérique qui se cherche désespérément en matière musicale, donnée à Paris au moment-même où s’éteignait à New York l’un de ses compositeurs les plus originaux, Elliott Carter. Pour rester dans le mauvais goût et dans le fracassant, ce qui, hélas, a annihilé la belle impression laissée par la Nouveau Monde qui concluait le programme, un premier bis réunissant l’orchestre propre à saturé les tympans, puis un second, plus paisible car pour les cordes seules rejointes à la fin par les bois, mais usé jusqu’à la… corde, puisqu’il s’est agi d’un extrait de l’Arlésienne de Bizet que l’on a trop souvent l’occasion d’entendre en fin de concerts. Le tout pourtant pour le plus grand bonheur d’une salle archicomble en délire... Quant à Znaider, il était lui aussi pour sa part resté sur les sentiers battus dans son bis avec un mouvement lent de partita de Jean-Sébastien Bach.
En ouverture de concert, le Pittsburgh Symphony Orchestra a donné une partition contemporaine pour très grand orchestre, Silent Spring, dans la tradition symphonique typiquement étatsunienne dans la lignée de Samuel Barber, Aaron Copland et Walter Piston, d’un Américain de 63 ans, Steven Stucky (né en 1949). Une œuvre d’une vingtaine de minutes pavée de bonnes intentions (ici le cancer du poumon) qui fait beaucoup de bruit et qui trahit hélas le mauvais goût et le manque d’originalité d’une Amérique qui se cherche désespérément en matière musicale, donnée à Paris au moment-même où s’éteignait à New York l’un de ses compositeurs les plus originaux, Elliott Carter. Pour rester dans le mauvais goût et dans le fracassant, ce qui, hélas, a annihilé la belle impression laissée par la Nouveau Monde qui concluait le programme, un premier bis réunissant l’orchestre propre à saturé les tympans, puis un second, plus paisible car pour les cordes seules rejointes à la fin par les bois, mais usé jusqu’à la… corde, puisqu’il s’est agi d’un extrait de l’Arlésienne de Bizet que l’on a trop souvent l’occasion d’entendre en fin de concerts. Le tout pourtant pour le plus grand bonheur d’une salle archicomble en délire... Quant à Znaider, il était lui aussi pour sa part resté sur les sentiers battus dans son bis avec un mouvement lent de partita de Jean-Sébastien Bach.
Bruno Serrou
1) Directeur musical de l’Orchestre Symphonique
de Pittsburgh depuis septembre 2008, Manfred Honeck est un fervent catholique
qui dit prier avant chaque concert, parfois jusque peu avant d’entrer en scène,
parfois avec ses musiciens. « J’ai réalisé que cela pouvait mettre
certaines personnes un peu mal à l’aise », a-t-il néanmoins concédé à un journaliste du
New York Times en avril 2010.
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