Salle Pleyel, mardi 29 novembre, second concert du London Symphony Orchestra et de son chef principal,
Valery Gergiev, avec, en soliste, Anne-Sophie Mutter. Le principal
attrait de ce concert résidait en la première française de la pièce
concertante pour violon et orchestre de Wolfgang Rihm, Lichtes Spiel,
ein Sommerstück für Violine und kleines Orchester (Jeu de Lumière, une
pièce estivale pour violon et petit orchestre). Créée voilà un an à
New York par le New York Philharmonic et Anne-Sophie Mutter, sa dédicataire qui la joue avec
délicatesse et sensualité, cette œuvre en un mouvement continu qui requiert une formation Mozart, est
aérienne et fluide, les nuances étant à dominante pianissimo, avec de
rares tensions. Quelques passages de cordes à vide font directement allusion
au Concerto "à la mémoire d'un ange" d'Alban Berg, qui, en regard, apparaît d'une
écriture plus téméraire que celle de Rihm, plus directement séduisante et chantante.
Avant l'entracte, Anne-Sophie Mutter a proposé l'archi-rabâché Concerto de Tchaïkovski, commencé avec un archet trop lourd
et collant à la corde au risque d'attaques de notes aléatoires. Du
coup, l'on a pu craindre un moment que la violoniste allemande retourne à
ses défauts qui lui firent de l'ombre quelques années, mais elle a vite
retrouvé ses marques, pour brosser deux derniers mouvements
éblouissants d'engagement et de beauté sonore. Gergiev et le LSO se sont
comportés en véritables partenaires, au point de donner à ce concerto le
tour d'une symphonie concertante. Ouvert sur le paisible Lac enchanté de
Liadov que Gergiev a déjà donné à Pleyel avec son orchestre du
Mariinski, le concert s'est achevé sur la première des trois symphonies
de guerre de Chostakovitch, la Sixième, œuvre courte mais dense et
douloureuse se terminant dans un optimisme contraint, voire grimaçant,
dans laquelle Gergiev est comme un poisson dans l'eau, à la tête d'un
LSO virtuose et aux sonorités un brin trop lumineuses considérant
l'écriture acide du compositeur russe.
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