Photo Orchestre Français des Jeunes
L’Orchestre Français
des Jeunes cru 2011 a donné son dernier concert de la saison à Paris, Salle
Pleyel, sous la direction de son nouveau directeur musical, Dennis Russell
Davies, qui a succédé cette année à Kwame Ryan. Ce concert a confirmé
le niveau d’excellence atteint par les jeunes recrues de cette formation à but
pédagogique qui s’impose toujours davantage comme un passage obligé pour les apprentis
musiciens qui entendent se lancer dans une carrière d’orchestre. D’autant que,
comme de coutume depuis la fondation de l’OFJ en 1982, les œuvres proposées aux
102 élèves des conservatoires nationaux, régionaux et étrangers âgés de 16 à 26
ans par les responsables de l’orchestre pour les deux sessions de cette année ont
permis de mettre en valeur à tour de rôle les différents pupitres de l’orchestre,
aussi bien les cordes que les bois, les cuivres et la percussion.
Ainsi,
quatre mois après l’avoir entendu au Festival de La Chaise Dieu dans le cadre d’un
concert associant une symphonie de Haydn, une pièce contemporaine de Stefen
Schleiermacher et le périlleux Petrouchka
de Stravinsky, l’OFJ a confirmé à Pleyel n’avoir rien à envier à quantité de
phalanges professionnelles de renom. Le programme présenté lundi au public venu en nombre au sein duquel on
distinguait quantité de musiciens, parmi eux plusieurs compositeurs, était à la
fois somptueux et didactique, mettant singulièrement en valeur l’ensemble des
pupitres de l’orchestre, solistes et tuttistes, particulièrement les cordes, qui
se sont avérées pour le moins somptueuses : l’onirique Procession nocturne aux
élans tristaniens composée en 1897 par Henri Rabaud (1873-1949) d’après le Faust de Lenau, la tourbillonnante Sinfonietta op. 60 (1926) de Leoš Janáček (1854-1928), avec des fanfares introductives trop lentes et manquant d’assurance mais
triomphales dans le finale, tandis que les arabesques des cordes et la houle de
la harpe sont apparues d’une fluidité quasi immatérielle. Pour conclure, le
choix s’est porté sur une ample partition à l’écriture dense, virtuose et à l’orchestration
extraordinairement foisonnante, le trop rare poème symphonique Don Quichotte op. 35 (1897) sous titré « (Introduzione,
Tema con Variazioni e Finale) Variations fantastiques sur un thème à caractère chevaleresque
pour grand orchestre », variations qui, au nombre de dix, content en
autant d’étapes les aventures du chevalier à la triste figure (personnalisé par
le violoncelle solo) immortalisé par Miguel de Cervantès accompagné de son
écuyer Sancho Pança (alto) et du fantôme de Dulcinée (violon), premier volet du
diptyque Held und Welt (Héros et Monde) de Richard Strauss
(1864-1949) dont la seconde partie n’est autre que Une
Vie de Héros op. 40 (1897-1898) -
diptyque au demeurant très peu proposé par les organisateurs de concert. La
lecture de Dennis Russell Davies a été épique à souhait, le chef américain
tirant profit de l’enthousiasme et de la vigueur de ses jeunes musiciens, qui
se sont parfois avérés plus confiants que la violoncelliste soliste Sonia
Wieder Atherton, qui, malgré son immense talent, a semblé se battre avec son
archet et la justesse. Ce qui n’a pas été le cas du remarquable premier alto de
l’Orchestre Français des Jeunes, Manuel Vioque-Judde, élève du Conservatoire
National Supérieur de Musique et de danse de Paris, qui, à en juger par son jeu
incroyablement sûr et ses sonorités ardentes et charnues, est indubitablement
promis à une belle carrière, à l’instar de Camille Vasseur, élève de la Hochschule
für Musik de Bâle, premier violon solo de l’OFJ 2011.
Bruno Serrou
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