Paris. Athénée Théâtre Louis Jouvet. Mardi 11 avril 2023
Si sur le papier, le spectateur peut se dire qu'il va assister à un bon moment de détente, mais il déchante rapidement à l’écoute
de ce pastiche de critique sociale de la bourgeoisie des années folles dans
laquelle Sacha Guitry excellait pourtant.
Pièce bavarde et interminable, saturée de clichés, fondamentalement misogyne, avec fort peu de musique, bien troussée et bien orchestrée au demeurant avec de séduisantes couleurs instrumentales dues notamment à un saxophone. Si la musique et les airs gardent leur charme désuet, le texte est extrêmement daté, envahissant même, au point d’écraser la musique de son co-auteur, Reynaldo Hahn (1874-1947), et de se faire carrément insupportable. Heureusement, demeurent d’autres témoignages de celui qui reste comme l’un des grands dramaturges, scénaristes, cinéastes, metteurs en scène, réalisateurs, acteurs du XXe siècle, Sacha Guitry (1885-1957).
Peut-être manque-t-il dans le spectacle vu ce mardi 11 avril à l’Athénée Théâtre Louis Jouvet cette verve propre à Sacha Guitry (qui était marié à l’époque à la soprano et actrice Yvonne Printemps) et aux acteurs dont il avait aussi l’art de s’entourer, son sens de l’improvisation, sa silhouette imposante et débonnaire, sa voix de stentor, son sens du spectacle qui lui donnait constamment l’air d’improviser avec un naturel inimitable dans ses rôles de bourgeois revenu de tout. Qu’il est proprement Impossible à quiconque de retrouver cette gouaille railleuse propre à Sacha Guitry.
Peut-être manque-t-il dans le spectacle vu ce mardi 11 avril à l’Athénée Théâtre Louis Jouvet cette verve propre à Sacha Guitry (qui était marié à l’époque à la soprano et actrice Yvonne Printemps) et aux acteurs dont il avait aussi l’art de s’entourer, son sens de l’improvisation, sa silhouette imposante et débonnaire, sa voix de stentor, son sens du spectacle qui lui donnait constamment l’air d’improviser avec un naturel inimitable dans ses rôles de bourgeois revenu de tout. Qu’il est proprement Impossible à quiconque de retrouver cette gouaille railleuse propre à Sacha Guitry.
Ainsi, cette « comédie musicale », pour reprendre la classification fixée sur la partition de Reynaldo Hahn, qui fut un proche de Marcel Proust, est terriblement datée. Créée à Paris le 5 octobre 1933 Théâtre des Bouffes-Parisiens, Ô mon bel inconnu conte l’histoire d’un chapelier, Prosper, qui s’ennuie à couvrir les têtes de sa clientèle, et de se disputer avec sa femme Antoinette et sa fille Marie-Anne qui l’assistent dans son activité, ainsi qu’avec la bonne. Pour y échapper, il publie sous un faux profil une annonce dans un journal de rencontres à laquelle répondent sa femme et sa fille, dont il identifie les écritures, et une comtesse qui se révèlera être sa bonne… Il leur fixe rendez-vous autant pour les confondre que pour leur faire une bonne blague dans une villa luxueuse qu’il loue à cette fin à Saint-Jean-de-Luz… Là, le propriétaire de la villa, M. Victor, se charge involontairement de semer la confusion… Mais tout finit évidemment par s’arranger en une happy-end attendue…
Comme toute production soutenue par le Palazetto Bru Zane, qui a réuni autour de lui les Opéras de Tours, Avignon, Rouen et Massy aux côtés du Théâtre de l’Athénée celle-ci est de haute exigence artistique. Dans des décors impressionnants considérant la taille du plateau de l’Athénée et fort bien conçus, et des costumes bien dessinés plongeant dans les années trente d’Anne-Sophie Grac, la mise en scène d’Emeline Bayart respire aisément, les comédiens s’expriment sans entrave autre que le manque d’élan et de naturel dans la comédie, qui reste terre à terre, les protagonistes semblant engoncés dans la crainte d’en faire trop. Si l’on apprécie le bon goût de cette production, qui évite toute grivoiserie et vulgarité gratuite, l’on reste sur sa faim d’une conception et d’un jeu au second degré, le spectacle s’avérant en fin de compte trop sérieux à force d’éviter soigneusement les excès, comme si les comédiens craignaient d’en faire trop.
Les protagonistes sont davantage comédiens que chanteurs, si bien qu’il est impossible de juger des voix à l’aune de l’opéra-comique ni même de l’opérette. Le seul à vraiment s’imposer de ce point de vue est le titulaire du rôle muet d’Hilarion Lallumette, Carl Ghazarossian, dont la voix revient miraculeusement pour chanter la morale de l’histoire (car il y en a une, comme toujours chez Sacha Guitry). En tête de distribution Marc Labonnette, touchant Prosper, entouré des exquises Antoinette de Clémence Tilquin et Marie-Anne de Sheva Tehoval, l’envahissante bonne Félicie d’Emilie Bayart dans un emploi que Guitry se plaisait à dessiner, le Claude de Victor Sicard, et l’incontrôlable et envahissant M. Victor de Jean-François Novelli…
Mais tout Reynaldo Hanh est dans
la fosse. L’Orchestre des Frivolités Parisiennes dirigé avec allant par Samuel
Jean soutient avec brio le chant au point de donner au spectacle ses délicieuses
chatoyances, parfois une sensualité bienvenue que le compositeur a su apporter
à ce vaudeville qui, aujourd’hui, a du mal à porter son âge…
Bruno Serrou
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