70 ans le 31 août dernier !
Incroyable comme le temps passe !!! Pourtant, ce dernier n’a aucune
emprise sur ce magicien d’Itzhak Perlman… Personnalité au charisme unique, Perlman
est LE Violoniste de notre temps, et l’un des plus grands de l’histoire de la
musique. Et son influence est considérable sur la scène musicale internationale,
autant comme artiste que comme pédagogue, organisateur de concerts, mais aussi
en raison de son immense popularité qui rejaillit sur la Musique en son entier.
Et ce violon aux sonorités chatoyantes, rondes et pleines au nuancier infini, cette
expressivité veloutée à fleur de peau qui émane de doigts aussi épais qu’agiles
au point de sembler à peine bouger tout en volant sur la touche de façon si
aérienne qu’ils semblent défier la physique, effleurant la corde comme en
apesanteur pour exalter un chant proprement miraculeux. Un violon vraiment
unique, cela en dépit de la poliomyélite contractée par Perlman dès l’âge de 4
ans, six mois après qu’il eût commencé le violon, qui le condamne depuis lors à
se déplacer avec des béquilles et à jouer assis…
Itzhak Perlman (né en 1945). Photo : DR
Tandis que DG publie un recueil
de sonates du violoniste israélo-américain enregistrées avec le pianiste Emmanuel
Ax réunissant la Sonate de Fauré et
celle de Richard Strauss d’une plénitude assumée (1), Warner Classics propose
un volumineux coffret de soixante dix sept CD réunis en cinquante-neuf volumes
qui agrègent tous les enregistrements de Perlman depuis ses débuts pour le
label HMV en 1972 à l’âge de 27 ans (soit neuf ans après son premier concert au
Carnegie Hall de New York) dans le Premier
Concerto de Paganini dirigé par Lawrence Foster, jusqu’en 2002 avec un
disque Mozart dont il est à la fois le soliste et le chef pour EMI. Un ensemble
qui dénote la vaste dimension du répertoire d’Itzhak Perlman où seule la
création contemporaine est absente à l’exception de deux concertos peu
marquants dont il est le commanditaire et que ce coffret reprend.
Itzhak Perlman. Photo : (c) Don Hunstein / Warner Classics
Cette somme hors du commun compte
peu de doublons, Perlman se limitant à des reprises d’œuvres précédemment
enregistrées à la demande de son ami Daniel Barenboïm (concertos de Beethoven,
Brahms, Stravinski et Prokofiev), ou encore les concertos de Mendelssohn et
Bruch avec Previn puis Haitink, et les Quatre
Saisons de Vivaldi. Tous ces documents extraordinaires constituent des
jalons de la discographie de chacune des œuvres abordées, que ce soient les
plus populaires, comme les Caprices
de Paganini ou les Quarte Saisons de
Vivaldi, ou les plus rares, comme les Goldmark, Saint-Saëns, Dvorak, Korngold
ou Castelnuovo-Tedesco, les monuments que sont les Bach, Beethoven,
Mendelssohn, Brahms, Tchaïkovski, Bruch, Sibelius, Bartók ou Prokofiev, les
pages de virtuosité pure comme les Paganini, Wieniawski, Vieuxtemps, Kreisler, mais
aussi dans le domaine de la musique de chambre, avec les intégrales des Trio avec piano de Beethoven en
compagnie de Lynn Harrell et Vladimir Ashkenazy et ceux pour cordes avec
Pinchas Zukerman à l’alto et Lynn Harrell, Sonates
avec Vladimir Ashkenazy et Trio avec
piano de Brahms avec Harrell et Ashkenazy, Sonate « Kreutzer » de Beethoven et Sonate de Franck avec Martha Argerich, le Trio avec piano de Tchaïkovski où il dialogue avec Harrell et
Ashkenazy…
Quelques pochettes de l'intégrale Perlman Warner Classics. Photo : (c) Bruno Serrou
L’on retrouve avec bonheur les
immenses références que constituent les Concertos
de Brahms et de Beethoven dirigés par Carlo Maria Giulini avec le Chicago
Symphony Orchestra pour le premier et le Philharmonia pour le second, en 1977
et 1982, ainsi qu’un très grand disque de musique française associant
Saint-Saëns, Chausson et Ravel réalisé en 1975 avec l’Orchestre de Paris dirigé
par Jean Martinon, mais aussi les Concertos
de Prokofiev dirigés par Guennadi Rojdestvenski, le somptueux Premier Concerto de Chostakovitch avec
le Philharmonique d’Israël et Zubin Mehta, les Sonates et Partitas de Bach enregistrées en 1988, qui, après les
témoignages de Nathan Milstein et Henryk Szeryng et aux côtés d’Arthur Grumiaux,
sont d’une finesse et d’une musicalité particulièrement prenantes et
techniquement irréprochables.
Itzhak Perlman. Photo : DR
L’on redécouvre également Perlman
dans des genres qu’il affectionne et qu’il se plait à défendre avec un goût
exquis, le jazz, en quintet avec André Previn, à qui il est de nouveau associé
dans un album Scott Joplin, et la musique klezmer.
Certes, cet imposant coffret dont l’importance
est considérable n’est pas à la portée de toutes les bourses, mais il contient
tant de merveilles qu’il en devient indispensable, non seulement aux amateurs
de grand violon mais aussi à tous les mélomanes et les musiciens, violonistes
ou pas, au point que l’on ne peut qu’espérer que les bibliothèques-discothèques
de prêts se le procurent pour que sa diffusion soit maximale.
Bruno Serrou
1) 1 CD DG 4811774. 2) 77 CD Warner Classics
082564615694
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