Witold Lutoslawski (1913-1994) est
assurément le plus grand des compositeurs polonais - si l’on considère Frédéric
Chopin comme autant Polonais que Français et qu’il se consacra quasi
exclusivement au piano -, et l’un des plus inventifs et originaux de tous ceux
de sa génération, d’autant que sa création ne compte aucune faiblesse.
Le Concerto pour piano et orchestre est une œuvre tardive de Witold
Lutoslawski, puisqu’elle date de la seconde moitié des années 1980. D’aucuns se
souviennent qu’il était venu le diriger à Salle Pleyel à la tête de l’Orchestre
de Paris avec en soliste son compatriote Krystian Zimerman, dédicataire du
concerto avec qui il l’a enregistré en 1989 en compagnie de l’Orchestre
Symphonique de la BBC, déjà pour le label DG. Composé en 1988, ce Concerto est une œuvre nuancée, parfois
aux limites du silence, avec ses intensités qui frisent le murmure, sa
luminosité assez française - l’on sait combien Lutoslawski était épris de
poésie française – son onirisme original. Lutoslawski use d’éclats dissonants tout
en se tournant vers le grand concerto romantique dans la mouvance du Deuxième de Brahms avec ses quatre
mouvements, qui s’enchaînent quant à eux. On y trouve aussi des traces de Bartók
dans le mouvement lent au climat nocturne. Somptueusement soutenu par Simon
Rattle et un Orchestre Philharmonique de Berlin liquide et velouté, Krystian
Zimerman donne à « son » concerto toute sa magnificence, son éclat,
grâce à son toucher cristallin et à sa virtuosité éblouissante qui se joue en
toute simplicité des redoutables difficultés de cette partition.
Witold Lutoslawski et Krystian Zimerman. Photo : DR
Composée en 1966-1967, soit un
quart de siècle après la Première et
onze ans avant la Troisième, la Symphonie n° 2 - dont le second
mouvement a été créé dès 1966 à Hambourg sous la direction de Pierre Boulez à
la tête de l’Orchestre de la Norddeutscher Rundfunk, son commanditaire, huit
mois avant la première exécution de l’œuvre entière par l’Orchestre de la Radio
Polonaise dirigé par le compositeur -, compte deux mouvements joués dans leur
continuité et mêlant une part d’aléatoire - les parties instrumentales sont
précisément notées, tandis que leur coordination est organisée avec des
éléments soumis au hasard -, et ponctués d’accords rugueux et éruptifs. Le
premier se présente sous la forme d’une suite de séquences réunissant chacune
divers petits groupes instrumentaux et s’achevant par un court refrain joué par
trois instrumentistes qui n’ont précédemment jamais été intégrés à un groupe. Le
finale se subdivise en cinq parties toujours plus rapides et sonores. La
direction lumineuse de Simon Rattle stimule l’Orchestre Philharmonique de
Berlin, dont les timbres luxuriants exaltent une œuvre d’une beauté saisissante.
Bruno Serrou
1 CD DG 479 4518 (Universal Classics) (62mn 17s)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire