Thierry Escaich (né en 1965). Photo : (c) Thierry Escaich / Sébastien Erome
Comme chaque mois de février
depuis vingt-sept ans, le festival Présences de Radio France festival de
musique contemporaine de Radio France, propose une semaine consacrée à la
musique contemporaine. Cette année, Thierry Escaich en est l’invité référent.
Compositeur, organiste,
improvisateur, professeur au Conservatoire de Paris né en 1965, Thierry Escaich
est déjà l’auteur de plus d’une centaine de partitions. S’il a beaucoup écrit
pour l’instrument de la tribune de Saint-Etienne-du-Mont à Paris, où il a
succédé à Maurice Duruflé, il s’intéresse à tous les effectifs. « A l’église,
dit-il, je suis au service de la liturgie et des fidèles, et non pas pour m’y imposer
comme compositeur. Mon style s’inspire néanmoins de la musique liturgique, s’exprimant
sur le temps long, le discours évoluant lentement, et c’est peut-être en cela
que l’on peut me considérer dans la ligne de Messiaen. » Cette culture du
rituel est l’une des caractéristiques d’Escaich, qui cherche constamment à
concevoir des œuvres suffisamment fortes pour porter l’auditeur à la
transcendance. « J’ai tôt trouvé mon style, et je n’ai pas fait de virage
esthétique, concède-t-il. Mais je n’ai pas non plus de vision passéiste, je
suis plutôt comme un déformateur. »
Présences brosse un double
portrait de Thierry Escaich, le compositeur et l’interprète, deux activités qui
lui sont indissociables. « Le compositeur doit faire acte de présence
scénique, comme cela a toujours été le cas jusqu’au début du XXe
siècle. Les gens ont besoin d’une incarnation, si bien que le compositeur ne
peut plus rester dans sa tour d’ivoire. Il est aussi important qu’il ne refuse
pas la musique populaire. Ce n’est pas pour moi démagogie, car je la connais de
l’intérieur, venant de l’accordéon, mais je rejette le côté commercial, et si
nos oreilles sont grandes ouvertes, il n’est pas question de singer. » La
voix tient également une place prépondérante chez Escaich. « Il faut
remettre la pratique chorale au cœur de l’enseignement, avec une formation à la
polyphonie. C’est indispensable à la création de nouveaux publics. C’est
pourquoi je fonde beaucoup d’espoir sur la réforme du ministre de l’Education
nationale Jean-Michel Blanquer. »
Outre ses propres œuvres, dont
plusieurs créations mondiales, Escaich, qui a participé à l’élaboration de la
programmation de Présences, a souhaité créer des univers à chaque concert et
non un simple exposé d’œuvres, de styles et de compositeurs. Ainsi, toutes les
écoles sont représentées, et un certain nombre d’élèves d’Escaich au
Conservatoire, comme Grégoire Rolland, Thomas Ospital, Jean-Frédéric Neuburger
ou Marie-Ange N’Gucy, sont présents. Après Présences, Escaich est l’invité
du Festival Aspects des Musiques d’Aujourd’hui de Caen (1). Parmi ses projets,
la création en mai 2020 de son deuxième opéra, à l’Opéra de Lyon après le
succès de Claude en 2013, un conte
philosophique médiéval perse sur un livret d’Atiq Rahimi.
Bruno Serrou
Du 6 au 11 février. Rens. :
01.56.40.15.16. www.maisondelaradio.fr/festival-presences-2018.
1) 20-25/03 (www.conservatoiredecaen.fr)
Article initialement publié dans le quotidien La Croix du mardi 6 février 2018
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