France Clidat lors d'une master class Salle Cortot, avec Chuan-Ji Lin - Photo : DR
Le 18 mai 2012 restera comme une date funeste. Quelques heures après l’accablante nouvelle de la disparition de l’immense baryton allemand Dietrich Fischer-Dieskau (voir ci-dessous), arrivait de Paris la tout aussi funeste information du décès de la pianiste française France Clidat, morte la veille en son domicile parisien. Célèbre pour ses enregistrements de l’œuvre de Franz Liszt en vue d’une intégrale qui ne sera malheureusement pas menée à terme pour des raisons strictement commerciales mais que le label Universal Music a réédités la saison dernière à l’occasion du bicentenaire de la naissance du compositeur-virtuose hongrois, elle avait été révélée en 1956 par son premier prix du Concours Ferenc Liszt de Budapest. En cinquante ans de carrière, elle aura donné plus de deux mille sept cents concerts dans le monde, et gravé une quarantaine de disques.
Née le 29 novembre 1932 à Nantes
dans une famille d’origine italienne éprise de bel canto, France Clidat a fait
ses études musicales au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris
avec Maurice Hewitt, Lazare Lévy, Roland-Manuel et Marcel Beaufils. Après ses
débuts en récital en 1950, à Genève, elle enseignera à son tour, à l’Ecole normale
de musique, et donnera des master class, en France et à l’étranger,
particulièrement au Japon. Le critique musical du quotidien le Figaro, l’organiste Bernard Gavoty, qui
écrivait sous le pseudonyme Clarendon, l’a qualifiée très tôt de « Madame
Liszt » dans un compte-rendu de concert. Il y célébrait entre autres sa « technique parfaite, la force, le brio, la facilité évidente
dans les séquences rapides, une sûreté absolue dans les séquences les plus
folles - elle se rit de toutes les difficultés qu’elle maîtrise avec la plus
grande facilité. » Emil Gilels et Lélia Gousseau figuraient parmi ses
maîtres. « Il y a deux grandes écoles, disait-elle à William Bonne
qui l’interviewait en 2010, celle de Chopin et celle de Liszt. Ils étaient les
deux rois et nous sommes tous forcément leurs disciples. L’école française
descend de celle de Chopin. Lazare-Lévy était élève de Louis Diemer, lui même
élève d’un des derniers élèves de Chopin. Il servait de mentor à Emil Gilels (…).
J’ai gardé de mon maître certaines « leçons », le jeu perlé n’est pas un jeu
frappé, puis la recherche de la couleur. Il y a aussi le besoin de montrer,
d’évoquer plutôt que de jouer très vite. C’est Liszt qui a dit que la
virtuosité n’est pas une esclave passive. Je suis parfois stupéfaite par la
non-recherche de la sonorité ou de la beauté du son chez les jeunes pianistes.
En général, je relève une sécheresse telle celle des gymnastes du clavier et un
besoin d’aller plus vite que l’autre. »
Bruno Serrou
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