Paris. Maison de la Radio. Auditorium. Vendredi 15 septembre 2023
Le premier concert de L’Orchestre
Philharmonique de Radio France et de son directeur musical Mikko Franck de la saison
2023-2024 dans sa salle de l’Auditorium de Radio France, a attiré quantité de
happy few. Io faut dire que le programme à la fois alléchant et valorisant pour
l’orchestre et son chef, avec une création d’un compositeur régulièrement
invité par le « Philhar », l’ultime et émouvant cycle de lieder de
Richard Strauss confié à une cantatrice qui a le vent en poupe, et une
symphonie d’un compositeur russe au pathos exacerbé qui fait toujours son effet.
La première partie du programme n’a pas toujours convaincu. Le concert s’est ouvert sur la création du Stabat Mater écrite à la suite d’une commande de la Maîtrise de Radio France par Benjamin Attahir (né en 1989), Grand Prix Sacem 2022. Le compositeur toulousain a choisi de ne mettre en musique que les quatre premiers versets de la fameuse séquence latine médiévale attribuée au poète franciscain ombrien Jacopone da Todi (1236-1306). Annoncée joyeuse et sérielle par le présentateur de France Musique venu introduire le concert sur le plateau, la partition s’est en fait révélée retenue, ce qui est au demeurant plus logique pour une séquence célébrant la Mère douloureuse (Mater dolorosa), et sonnant atonal, avec une orchestration richement colorée fort bien servie par l’OPRF, détonnant violemment avec l’écriture chorale plane et inexpressive chantée sans conviction par la Maîtrise de Radio France.
Les crépusculaires Vier letzte Lieder (Quatre dernier Lieder) que Richard Strauss (1864-1949) composa durant son exil suisse en 1946-1948 ont été confiés à la soprano lituanienne au succès enviable Asmik Grigorian. L’interprétation, autant celle de l’orchestre, trop puissant et au nuancier trop étroit, se sont avérés excessivement puissants et dramatiques, annihilant ainsi les élans nostalgiques et introspectifs, plus attachés au printemps de Salomé qu’à l’automne du finale de Capriccio, Asmik Grigorian, voix de bronze mais au vibrato trop large, s’approchant davantage de la Chrysothémis d’Elektra que de la comtesse Madeleine, ne suscitant guère l’émotion.
En revanche, en seconde partie, la Symphonie n° 6 en si mineur op. 74 « Pathétique » de Piotr Ilyitch Tchaïkovski (1840-1893) vertigineuse et fébrile, s’est imposée par ses tensions tragiques, le chef finlandais, qui de toute évidence fait cette œuvre sienne, ne craignant pas le pathos par ses brûlures exacerbées, sous la direction fougueuses et énergiques du dirigée avec une fougue et une énergie par Mikko Franck à qui les musiciens de l’Orchestre Philharmonique de Radio France ont répondu avec un enthousiasme communicatif, servant la partition en véritables virtuoses.
Bruno Serrou
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