Karl-Anton Rickenbacher (1940-2014). Photo : DR
Le
chef d’orchestre suisse Karl-Anton Rickenbacher est mort vendredi 28 février
des suites d’une crise cardiaque. Il
excellait tout autant dans le répertoire symphonique qu’à l’opéra et dans
la création contemporaine. Il était entre autres un éminent spécialiste de l’œuvre
de Richard Strauss, dont il a enregistré nombre de premières mondiales discographiques réalisées à Berlin, Bamberg et Munich entre 1997 et 2000 et réunis en
quatorze CD par le label Koch Schwann sous le titre The Unknowned Richard Strauss, disques qui devraient connaître un
réel succès en cette année du cent-cinquantenaire de la naissance du
compositeur bavarois.
Né à
Bâle le 20 mai 1940, Rickenbacher avait fait ses études musicales au
Conservatoire de Berlin et avait suivi des master classes de Herbert von
Karajan et de Pierre Boulez. Sa carrière commence au début des années soixante.
Il fait ses débuts au RIAS de Berlin avant d’être nommé chef assistant à l’Opéra
de Zurich en 1966. De 1969 à 1974, il est premier chef à l’Opéra de Fribourg-en-Brisgau,
puis est nommé directeur musical de l’Orchestre Symphonique de Westphalie à
Recklinghausen pendant dix ans, de 1976 à 1985. Entre 1978 et 1980, il est chef
permanent du BBC Scottish Symphony Orchestra à Glasgow. En 1987, il est premier
chef invité de l’Orchestre Philharmonique de la BRT à Bruxelles. Il a créé des œuvres
de Werner Egk, Jean Françaix, Roger Tessier. Il a enregistré La Transfiguration de notre Seigneur Jésus
Christ d’Olivier Messiaen pour Koch Schwann, label pour lequel, à l’instar
d’Hyperion, il a gravé un vaste répertoire d’œuvres plus ou moins connues de Beethoven,
Liszt, Wagner, Brahms, Bruckner, Grieg, Mahler, Richard Strauss, mais aussi de compositeurs
moins courus comme Spohr, Nicolaï, Humperdinck, Zemlinsky, Hindemith, Milhaud, qui
lui valut un Grand Prix du Disque, Hartmann (Cannes Classical Award), Jacobi…
Outre
sa grande culture et sa profonde connaissance des partitions, Rickenbacher
était connu pour son humilité, sa simplicité et une gentillesse rare dans cette
profession à l’ego volontiers surdimensionné. Le magazine Musical America avait écrit à son propos lors de sa première
apparition aux Etats-Unis en 1989 : « Rickenbacher a la profondeur
musicale et la façon de creuser les partitions de Klemperer, le
regard de Boulez pour le détail, l’enthousiasme et l’énergie qui
caractérisent Karajan à son meilleur. »
Bruno Serrou
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