Paris, Cité de la Musique, Salle des concerts, samedi 29 septembre 2012
Pierre Henry - Photo : (c) DR
Ce titre prometteur cache en fait un cérémonial
bouddhiste électronique dominé par des sons de flûtes de divers formats
enregistrées et transformées ainsi que de la percussion de temples tibétains
(cloches, cymbales, crotales et tambours) qui pourraient avoir été captés dans
le temple bouddhiste du bois de Vincennes sur les bords du lac Daumesnil, dans
le XIIe arrondissement de Paris où vit le compositeur. Dans cette œuvre interminable
exécutée dans une atmosphère religieuse, l’on retrouve également des sons que
Henry avait utilisés en 1967 dans Messe
pour le temps présent qu’il avait imaginée en collaboration avec Michel
Colombier pour le ballet éponyme culte de Maurice Béjart. A l’écoute du Fil de la vie, l’on plane comme dans une
fumerie de d’opium pendant soixante-dix - annoncée pour 1h20, la
séance s’est heureusement avérée plus courte. On s’ennuie ferme, l’on s’assoupit
rapidement, même les fans les plus inconditionnels de l’idole, transformée en
icône par le public où communient jeunes DJs en quête de sons nouveaux qui se
comportent dans une salle de concert comme dans une boîte de nuit, et cheveux
blancs à l’instar de ceux du compositeur, applaudi à tout rompre au début, traversant
lentement le parterre des coulisses jusqu’à ses consoles, accompagné de ses
assistants, pour s’asseoir délicatement sur sa chaise devant ses deux instruments,
dont il manipulera imperturbablement les potentiomètres jusqu’à la fin, moment
où il sera applaudi en standing ovation cinq longues minutes durant, finissant
de lui-même par mettre un terme à l’enthousiasme général en demandant à ses
deux collaborateurs de le ramener vers les coulisses.
Tandis que le compositeur-interprète se trouvait
au milieu du public, ce dernier n’avait pour seul point de vue ou poser le
regard qu’une tonne de matériel, au moins, sur le plateau éclairée de spots
rouges et bleu alternant inlassablement sur cet orchestre de haut-parleurs,
assourdissant, d’où outre les flûtes et la percussion déjà mentionnées, sortaient
des bruits de fontaines, des cris d’oiseaux et de divers animaux plus ou moins
exotiques ainsi que des imprécations de moines bouddhistes aux voix plus ou
moins graves. Il n’est pas certain que les bouddhistes apprécient ce type de
rendu sonore.
Tandis que les parties de la pièce se succédaient
sèchement entre deux silences, sans modulation ni passerelle, l’on ne pouvait
que constater combien il est loin le temps où les bidouillages de Pierre Henry
ne cessaient de surprendre, de la Symphonie
pour un homme seul (1949-1950, avec Pierre Schaeffer) à la Messe pour le temps présent déjà citée.
Certes, on sent que l’œuvre émane de l’esprit d’un authentique musicien, tant
structure et forme sont solides, contrairement à beaucoup de ceux qui se revendiquent
comme ses héritiers, mais le résultat ne convainc pas, tant ce produit sonore (difficile
d'employer le terme « musique ») tourne court.
Bruno Serrou
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