Paris. Philharmonie. Salle Pierre Boulez. Vendredi 15 décembre 2023
La musique religieuse chez Felix Mendelssohn-Bartholdy occupe une place importante, dont la
part la plus célèbre sont les oratorios Paulus et surtout Elias. C’est ce dernier qu’a donné l’ensemble
Pygmalion sous la direction magistrale de son directeur fondateur Raphaël
Pichon pour l’ultime concert classique de l’année 2023 à la Philharmonie de
Paris
Construit en deux parties et quarante-deux numéros enchaînant chœurs, récitatifs et arie, l’oratorio rend clairement hommage à Johann Sebastian Bach ainsi que de Georg Friedrich Haendel ainsi que de Joseph Haydn, trois compositeurs dont Mendelssohn se plaisait à diriger les œuvres, tout en étant profondément imprégné du romantisme de son temps, avec un orchestre foisonnant, coloré, énergique, véritable acteur voire instigateur de la narration. Chœur, admirable de cohésion, et orchestre Pygmalion, impressionnant de justesse et de précision, ont confirmé dans l’exécution de cette grande partition leurs immenses qualités de son (moelleux, charnu, luxuriant, ample, miroitant, coloré, brûlant, plein de vie), d’homogénéité, d’unité, de sûreté technique, d’allant, de virtuosité, les deux éléments réunis (chœur et orchestre) constituant un véritable entité ayant l’habitude de se produire ensemble avec les mêmes motivations, les mêmes objectifs sous la houlette d’un très grand musicien au charisme évident, Raphaël Pichon. Ainsi, cet Elias de Mendelssohn aura connu ce pénultième vendredi de l’Avent une exécution éblouissante sous la direction magistrale, fervente et polychrome du directeur fondateur de Pygmalion à la tête de son remarquable ensemble Pygmalion, enrichi d’une brillante distribution. Dans le rôle-titre, campant un fougueux prophète, l’impressionnant Stéphane Degout, fabuleux d’engagement, de puissance, de caractérisation, de la colère la plus vindicative à la foi la plus humble et profonde. A ses côtés, une équipe de jeunes chanteurs à sa hauteur et fort cohérente, constituée des brillantes sopranos australienne Siobhan Stagg (Veuve et Ange I) et française Julie Roset (l’Enfant), mezzo-soprano canado-macédonienne Ema Nikolovska (Ange II et Reine Jézabel), et le solide ténor néo-zélandais Thomas Atkins (Roi Achab et Prophète Abdias), à qui il convient d’associer des chanteurs solistes venus du chœur Pygmalion qui ont eux aussi amplement participé à la réussite de cette mémorable soirée.
Néanmoins, en guise de conclusion, une remarque en forme de question : pourquoi les ensembles dits «historiquement informés» jouent-ils la musique allemande avec un effectif de cordes distribué à l'états-unienne, comme le font de plus en plus de phalanges symphoniques dits «modernes» (violons 1 et 2 côte-à-côte) et non pas selon la tradition européeenne, paticulièrement germanique, premiers et seconds violons séparés par altos et violoncelles ou par violoncelles et altos, ce qui, à l'écoute des parties de violons d'Elias où violons I et II se répondent ou se font échos les uns les autres ?... La réponse type «chacun faisaitt ce qu'il voulait» n'est ni suffisante ni satisfaisante.
Bruno Serrou
1) Du 17 décembre au 1er janvier
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