Nanterre, Maison de la musique. Vendredi 15 janvier 2016
Leoš Janáček (1854-1928), La petite renarde rusée. Noriko Urata (la renarde Bystrouska) et Philippe-Nicolas Martin (le garde-chasse). Photo : (c) Enrico Bartolucci
La production nouvelle proposée par
l’ARCAL du chef-d’œuvre panthéiste de Janáček La petite renarde rusée, s’impose comme un véritable enchantement,
grâce à une jeune et homogène distribution.
Leoš Janáček (1854-1928), La petite renarde rusée. Le tableau dans lequel lesprotagonistes sont intégrés par rétroprojection. Photo : DR
La petite renarde rusée de Leoš Janáček est un pur chef-d’œuvre. Créé
en 1924, cet opéra en trois actes est pourtant fort rare en France. Il a notamment
fallu attendre 2008 pour qu’il entre enfin au répertoire de l’Opéra de Paris - il est vrai que ce n'est qu'en 1980 qu'apparut un premier ouvrage lyrique du
compositeur morave, Jenůfa, donné dans une adaptation en français, trahissant ainsi
l’essence-même de cette musique précisément écrite sur la métrique de la langue
morave. La petite renarde rusée est
sans doute de l’ouvrage scénique le plus panthéiste de l’histoire de la
musique, avec les seuls équivalents symphoniques que sont les Sixième
Symphonie de Beethoven et Troisième de Mahler. Cet opéra met en
effet en scène insectes, mammifères et humains dans un même univers ,souvent cruel puisqu'il s'agit de la forêt et ses habitants. Janáček a lui-même adapté son livret de la
nouvelle du poète morave Rudolf Těsnohlidek (1882-1928) publiée dans le quotidien
pragois Lidové Noviny. Mais, au lieu du joyeux optimisme de la nouvelle originelle,
Janáček
choisit la fin tragique de la petite renarde, ce qui lui permet de conclure sur l'évocation de la mort régénératrice conduisant à la pérennité de la vie.
Leoš Janáček (1854-1928), La petite renarde rusée. Noriko Urata (la renarde Bystrouska) et Philippe-Nicolas Martin (le garde-chasse). Photo : (c) Enrico Bartolucci
Pour résumer l’intrigue,
un garde-chasse capture une renarde pour en faire l’un de ses animaux
domestiques. Mais la petite renarde ne tarde pas à s’enfuir. Libre, elle court
dans les bois, lutine et s’éprend d’un renard dont elle devient la compagne.
Ils ont tous deux une descendance impressionnante de renardeaux. Un jour,
narguant un chasseur, elle tombe sous ses balles. Mais l’une de ses filles va
prendre sa relève, et perpétuer ainsi le cycle de l’éternel renouveau de la
vie.
Leoš Janáček (1854-1928), La petite renarde rusée. Photo : (c) Enrico Bartolucci
Ce livret enchanteur où humains,
animaux et insectes se côtoient, source d’une musique inouïe et singulièrement
virtuose, où l’orchestre tient le rôle central, inspire à Louise Moaty une mise
en scène délicieuse de charme, d’onirisme et de fraicheur. Reprenant le concept
de Perrick Sorin pour La pietra del
paragone de Rossini au Châtelet en 2007 puis pour La belle Hélène d’Offenbach en juin dernier en ce même Châtelet,
Moaty s’appuie sur un tableau-décor évoluant à vue d’Adeline Caron et Marie Hervé,
également auteurs des costumes années 1950, un tableau inspiré de l’art naïf
posé à la verticale en fond de scène dans lequel s’incrustent les chanteurs qui
s’expriment sur un plateau quasi nu. Autre usage devenu trop systématique, la
salle où solistes et choristes se dispersent dans le public. Mais la direction
d’acteur est réglée au cordeau, et les chanteurs, qui s’expriment en morave,
s’engagent avec entrain dans la féerie qui émane de cette production.
Une jeune distribution de grande qualité, où chacun des quinze chanteurs tient sa place avec un naturel confondant dans une vingtaine de rôles, à commencer par l’excellent baryton Philippe-Nicolas Martin en garde-chasse d’une grande humanité, et la fringante Noriko Urata, malicieuse renarde et son bienveillant compagnon Caroline Meng, qui campe deux autres rôles (grillon et animal de basse-cour. La réduction orchestrale réalisée par Jonathan Dove - auteur de Ring Saga d’après le Ring de Richard Wagner - est une grande réussite, mettant en évidence les forces vives de la partition de Janáček. Elle est remarquablement servie par l’Ensemble TM+ dirigé avec brio par son directeur musical, Laurent Cuniot.
Leoš Janáček (1854-1928), La petite renarde rusée. Photo : DR
Une jeune distribution de grande qualité, où chacun des quinze chanteurs tient sa place avec un naturel confondant dans une vingtaine de rôles, à commencer par l’excellent baryton Philippe-Nicolas Martin en garde-chasse d’une grande humanité, et la fringante Noriko Urata, malicieuse renarde et son bienveillant compagnon Caroline Meng, qui campe deux autres rôles (grillon et animal de basse-cour. La réduction orchestrale réalisée par Jonathan Dove - auteur de Ring Saga d’après le Ring de Richard Wagner - est une grande réussite, mettant en évidence les forces vives de la partition de Janáček. Elle est remarquablement servie par l’Ensemble TM+ dirigé avec brio par son directeur musical, Laurent Cuniot.
Bruno Serrou
Renseignements sur la tournée,
lieux et dates : www.renarde.arcal-lyrique.fr
"Ce livret enchanteur où humains, animaux et insectes se côtoient, source d’une musique inouïe et singulièrement virtuose, où l’orchestre tient le rôle central, inspire à Louise Moaty une mise en scène délicieuse de charme, d’onirisme et de fraicheur. "
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