Ainé d’une fratrie qui compte
dans ses rangs la pianiste Frédérique Fontanarosa et le violoncelliste Renaud
Fontanarosa, avec qui il a formé le fameux trio sous leur patronyme commun,
Patrice Fontanarosa est l’un des violonistes français les plus naturellement
doués de sa génération. Fils des peintres Lucien Fontanarosa (1912-1975) et
Annette Faive-Fontanarosa (1911-1948), époux de la harpiste Marielle Nordmann,
il est l’un des violonistes français les plus couronnés par les concours
internationaux, Ginette Neveu à Paris, Georges Enesco à Bucarest, Long-Thibaud
à Paris, Villa-Lobos à Rio de Janeiro, Paganini à Gênes… Une facilité qui lui a
permis de s’exprimer avec autant d’aisance dans les répertoires soliste,
chambriste, avec ses frère et sœur au sein du Trio Fontanarosa, qu’avec sa
femme Marielle Nordmann, de violon solo de l’Orchestre National de France, dont
il fut dix ans titulaire (de 1976 à 1985) après l’avoir été des Virtuosi di
Roma, et de chef d’orchestre, dirigeant du violon l’Orchestre des Pays de
Savoie de sa création en 1984 jusqu’en 1989.7
Pochette originale de l'enregistrement du second Trio de Franz Schubert par le Trio Fontanarosa réalisé en 1973
La facilité du jeu, la technique si
sûre qu’il lui arrive d’en oublier le contrôle, et la musicalité naturelle de Patrice
Fontanarosa s’imposent dans leur flegmatique évidence dès les premières minutes
d’écoute des enregistrements réunis par Decca en douze disques enregistrés en vingt ans, entre 1971 et 1991, qui le présentent
en concerto, entouré de sa fratrie et d’un certain nombre de ses amis
chambristes, en un curieux duo violon/guitare, en solo et jusque dans ses bis. Au
total quarante-neuf œuvres de trente-quatre compositeurs parmi lesquels aucun
contemporain, ce qui reflète bel et bien le répertoire du violoniste et son
manque légendaire de témérité qui le pousse à rejeter en bloc toute musique plus
ou moins nouvelle et audacieuse. Au sein de cet ensemble, où l’on regrette que Patrice
Fontanarosa soit accompagné dans les œuvres concertantes soit par des
orchestres de second rayon soit par des chefs sans personnalité réelle, voire les
deux à la fois, ce qui rend superflus ses concertos de Bach (BWV 1052) Mozart
(KV. 216), Dvorak, et, pire encore, Beethoven, Mendelssohn, Brahms et
Tchaïkovski - ce qui représente tout de même près de quatre disques -, tandis
que les cinq plus courtes pages pour violon et orchestre (Chausson, Berlioz,
Dvorak, Ravel, Rimski-Korsakov) réalisées avec le Grand Orchestre de Radio Luxembourg
dirigé par Louis de Froment réunies sur un disque, et, surtout, le concerto de
Schumann et celui de Sibelius sont infiniment plus recommandables. Cependant,
le meilleur se trouve du côté des enregistrements du Trio Fontanarosa, particulièrement
les deux Trios pour violon, violoncelle
et piano de Schubert, le Trio de
Ravel et celui de Fauré, que Decca pourrait proposer indépendamment.
Bruno Serrou
Patrice Fontanarosa Portraits 12CD Decca 481 1195 (Universal Classics)
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