Marie-Claire Alain (1926-2013). Photo : DR
Douée d'une
mémoire phénoménale qui lui a permis de jouer
par cœur la plupart des œuvres figurant dans son vaste répertoire, de l’ère
baroque au XXe siècle, Marie-Claire Alain lègue un héritage considérable, à la
fois discographique, avec plus de deux cent cinquante enregistrements, et
pédagogique, la plupart des grands organistes d’aujourd’hui
ayant été ses élèves.
Fille du compositeur organiste
Albert Alain, qui fur l’élève de Guilmant, Vierne et Fauré, et sœur benjamine
du compositeur et organiste Jehan Alain, dont la mort au front pendant la
Seconde Guerre mondiale la marqua profondément, Marie-Claire Alain compte parmi
les plus illustres organistes de sa génération. Ses tournées de récitals qui l’ont
conduite dans le monde entier, lui ont apporté la réputation d’interprète parmi
les plus éminentes de Jean-Sébastien Bach, au point d’être célébrée aux
Etats-Unis comme « The First Lady of the Organ ».
Née le 10 août 1926 à
Saint-Germain-en-Laye, où elle fait ses débuts à 11 ans comme suppléante de son
père à la tribune de l’église Saint-Germain, elle entre au Conservatoire de
Paris en 1944. Elle y devient l’élève de Marcel Dupré (orgue), Maurice Duruflé (harmonie)
et Simone Plé-Caussade (fugue), et obtient de nombreux prix, avant de remporter
un grand nombre de concours internationaux, notamment le Deuxième Prix du
Concours de Genève en 1950, tout en se perfectionnant avec Gaston Litaize et
André Marchal.
Marie-Claire Alain a largement
contribué, par ses enregistrements et ses nombreux concerts, à la découverte et
à la propagation de l'œuvre de son frère aîné Jehan. Musiciens et critiques louent
la clarté étincelante de son jeu, la pureté de son style, la musicalité intense
et l'ardeur de ses interprétations, sa maîtrise dans l’art de la registration. Pédagogue
recherchée, ce qui l’a conduite à enseigner dans les plus prestigieuses
universités des Etats-Unis, du Japon et dans tous les grands conservatoires d’Europe,
elle aura fondé son enseignement sur les études musicologiques approfondies
qu’elle n’aura eu de cesse d’effectuer dans les domaines de la littérature pour
orgue et de l’interprétation des musiques ancienne, romantique et symphonique.
Elle a également été chargée du Cycle de formation professionnelle pour
organistes dans le cadre du Conservatoire de Région de Paris de 1994 à 2000,
après avoir enseigné au Conservatoire de Région de Rueil-Malmaison de 1978 à
1994. En 1977, elle dirige la réfection des Grandes Orgues de la cathédrale
Saint-Etienne de Bourges. Cette même année, elle fonde l’Académie Bach de
Saint-Donat dans la Drôme où elle dispense des master-classes tous les étés sur
l’orgue Schwenkedel jusqu’en 1991. Elle est aussi invitée permanente de l’Académie
d’orgue de Romainmôtier en Suisse où elle dispense ses cours de 1991 à 2009 sur
l’orgue restauré de la famille Alain. Elle était titulaire de l’orgue de
l’église Saint-Louis de Saint-Germain-en-Laye, où elle avait succédé à son
père. Au sein de son impressionnante discographie, citons les célèbres
Intégrales Jean-Sébastien Bach (qu’elle enregistra trois fois), Dietrich Buxtehude,
César Franck et Jehan Alain qui lui ont valu plus de quinze Grands Prix du
Disque.
Née le 10 août 1926, Marie-Claire
Alain est décédée le 26 février 2013. Elle avait renoncé à sa carrière d’interprète
en 2010, après avoir donné plus de deux mille cinq cents récitals et concerts. Charles
Chaynes lui avait dédié en 1966 son Concerto
pour orgue. Sa connaissance incomparable de l’instrument l’avait conduite
au sein de la Commission des orgues non protégées du ministère de la Culture de
1970 à 2009 et, à deux reprises, de la Commission supérieure des monuments
historiques pour les orgues de 1966 à 1984 et de 1998 à 2006.
Bruno Serrou
Une actualité qui m’attriste.
RépondreSupprimerJ'ai beaucoup écouté, adoré cette grande interprète et elle m'a même, dans mon adolescence incité à me mettre quelques années à l'orgue, c'est dire...
Par elle j'ai aussi découvert et adulé son frère Jehan mort très jeune à la guerre.
Une grande interprète nous quitte.
Merci à elle pour cette vie dédiée à la musique.