Opéra-Bastille, mercredi 25 avril 2012
Photo : DR
Pour son unique prestation à l’Opéra
de Paris de la saison, Michel Plasson a porté son dévolu sur un programme où il
excelle : la musique française. C’est en effet avec ce répertoire qu’il s’est
imposé dans le monde, autant dans les fosses d’opéra que sur les plateaux des
salles de concert, plus particulièrement au Théâtre du Capitole de Toulouse
dont il fut le directeur artistique de 1973 à 1981, et comme directeur musical
de l’Orchestre du Capitole de Toulouse pendant trente-cinq ans (1968-2003),
mais aussi en Allemagne, en Espagne, aux Etats-Unis et jusqu’en Chine. A 79
ans, le chef parisien est apparu en forme, tout en mesurant ses pas dans la
longue traversée de la scène de Bastille et, porté par l’enthousiasme engendrée
par la performance éblouissante de l’orchestre, prenant le risque d’un faux-pas
lors de son ultime descente du podium à la toute fin de soirée, qu’il a dirigée
le geste large et franc, la main gauche semblant avoir retrouvé sa fermeté d’antan
mais pétrissant toujours de ses doigts la pate sonore lorsqu’il s’agit d’indiquer
une nuance piano et des textures évanescentes.
Michel Plasson a ouvert le
concert avec les Valses nobles et
sentimentales de Maurice Ravel, qui, dans cette « chaîne de valses »
tout d’abord destinée au piano, rend expressément hommage à Franz Schubert.
Orchestrées en mars 1912, soit dix mois après la première audition de la
mouture originale, créées sous cette forme en concert le 15 février 1914, ces sept
valses avec épilogue aux contours nostalgiques et âcres se présentent comme un
adieu à un monde que le compositeur pressentait en déliquescence, à quelques
mois du déclenchement du premier conflit mondial. La sixième valse est d’ailleurs
porteuse des grincements acerbes et du rythme étourdissant de La Valse de 1919-1920. C’est au
demeurant dans cette dernière, ainsi que dans les deux mouvements conclusifs
qui la suivent que Plasson a été à son meilleur, l’Orchestre de l’Opéra semblant
d’un coup s’animer pour s’étourdir peu à peu dans une ivresse de rythmes et de
sons. Ainsi, après des applaudissements peu fournis qui ont dit combien cet
opus ravélien parle peu au grand public, la seconde suite Bacchus et Ariane op. 43 d’Albert Roussel qui correspond en fait à
la totalité du second acte du ballet composé en 1930-1931 et créé à l’Opéra de
Paris le 22 mai 1931, acquiert dès la phrase d’entrée un tour extrêmement
expressif, Plasson mettant en évidence son sens aigu du développement du
discours dramatique et de sa progression, tandis que l’orchestre de l’Opéra le
suit voire le précède dans sa conception d’une partition qui dit combien la
création de son auteur est inexplicablement trop rare dans les salles de concert françaises.
Troisième œuvre du programme, la célébrissime Symphonie fantastique d’Hector Berlioz que Plasson dirige avec ferveur tout en ménageant des contrastes riches en tensions et en onirisme, tandis que l’orchestre flamboie avec ravissement poussé par la direction enthousiaste et évocatrice de Plasson qui porte parfois à la limite de l’asphyxie, ce qui suscite de petites approximations au cor, à la clarinette et au hautbois solos, tandis qu’altos, cor anglais, trompettes et trombones rivalisent de beauté. En fin de programme, Plasson a ajouté un Adagio extrait de l'Arlésienne de Georges Bizet, qu’il a présenté comme émanant de « Dieu », en hommage à son ami Maurice André (1933-2012), né la même année que lui. «Je l’aimais et je l’aime toujours parce qu’il était unique. Nous étions très proches dans le temps et dans le cœur », déclara le chef d’orchestre aux obsèques du trompettiste.
Troisième œuvre du programme, la célébrissime Symphonie fantastique d’Hector Berlioz que Plasson dirige avec ferveur tout en ménageant des contrastes riches en tensions et en onirisme, tandis que l’orchestre flamboie avec ravissement poussé par la direction enthousiaste et évocatrice de Plasson qui porte parfois à la limite de l’asphyxie, ce qui suscite de petites approximations au cor, à la clarinette et au hautbois solos, tandis qu’altos, cor anglais, trompettes et trombones rivalisent de beauté. En fin de programme, Plasson a ajouté un Adagio extrait de l'Arlésienne de Georges Bizet, qu’il a présenté comme émanant de « Dieu », en hommage à son ami Maurice André (1933-2012), né la même année que lui. «Je l’aimais et je l’aime toujours parce qu’il était unique. Nous étions très proches dans le temps et dans le cœur », déclara le chef d’orchestre aux obsèques du trompettiste.
Bruno Serrou
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