dimanche 26 février 2012

Mort de Maurice André, le "Trompettiste du XXe siècle"


 Maurice André - Photo : DR
 L’immense trompettiste cévenol Maurice André est mort à l’hôpital de Bayonne dans la nuit du samedi 25 au dimanche 26 février.  A 78 ans, il laisse une œuvre à la fois virtuose et populaire, sa grande maîtrise technique, son sens artistique et sa virtuosité ayant contribué à populariser la trompette partout dans le monde. Professeur de trompette au Conservatoire de Paris où il a introduit l'enseignement de la trompette piccolo, notamment pour le répertoire baroque, il a joué et enregistré les grands concertos du répertoire avec les orchestres et les chefs les plus illustres jusqu’au début des années 2000, après cinquante ans de carrière. Il a par ailleurs inspiré quantité d’innovations pour son instrument,
Né dans une famille de mineurs le 21 mai 1933, à Rochebelle dans les environs d'Alès dans le département du Gard, Maurice André, a commencé l’étude de solfège à 11 ans, avant de travailler à la mine entre 14 et 18 ans, tout en étudiant la trompette avec son père, tandis qu’il commence à se produire en concert avec son frère, également trompettiste. En 1951, il entre au Conservatoire de Paris après s'être engagé comme trompettiste au 8e régiment de transmissions. Il est l’élève de Raymond Sabarich et obtient un premier prix d'honneur de cornet en 1952 et, l’année suivante, un premier prix de trompette. Membre de l’Orchestre de la Société des concerts du conservatoire, il s’impose rapidement comme la figure de proue d’une brillante génération de trompettistes de l’école française, devenant trompette solo de l’Orchestre Lamoureux (1953-1960), de l’Orchestre Philharmonique de l’ORTF (1953-1963)et à l’Opéra Comique (1962-1967). À l'automne 1953, il enregistre avec l'Orchestre Jean-François Paillard le premier de ses 250 disques, tout en se produisant au Cirque Médrano, au Théâtre Mogador. Il effectue également de nombreux enregistrements studio avec des artistes comme Henri Salvador et Charles Trenet, dont le fameux Nationale 7. En 1955, il remporte le Premier prix du Concours international de Genève, mais ce n’est qu’en 1963, après avoir remporté le Concours international de musique de l'ARD à Munich que sa carrière internationale de soliste démarre véritablement. En effet, il est  dès lors invité par les plus grands chefs d'orchestre, Leonard Bernstein, Karl Böhm, Herbert von Karajan, Charles Mackerras, Karl Münchinger, Riccardo Muri, Michel Plasson, entre autres, enchaînant concerts et récitals, s’imposant notamment comme un merveilleux interprète du Deuxième Concerto Brandebourgeois de Jean-Sébastien Bach.
En 1967, Maurice André est nommé professeur au Conservatoire de Paris où il enseignera jusqu’en 1978, après y avoir introduit la trompette piccolo pour le répertoire baroque. Il y forme plus d'une centaine de trompettistes, parmi lesquels Bernard Soustrot, Guy Touvron, Éric Aubier, Thierry Caens, Jean-Paul Leroy et Pierre Palas. En 1980, Jacques Chancel et son émission de télévision Le Grand Échiquier lui ouvrent les portes du grand public. En 1979, il préside le premier concours de trompette que la Ville de Paris organise à son nom, la quatrième et dernière édition ayant eu lieu en 2006. Malgré cette prestigieuse carrière dont le succès ne s’est jamais démenti, Maurice André n’a jamais oublié ses modestes origines, y faisant constamment référence où qu’il se trouve, ne craignant pas d’enregistrer de nombreux airs populaires, mais avec la même exigence que pour les grands concertos classiques ou les œuvres qu’il se plaisait à commander à des compositeurs comme Boris Blacher, Claude Bolling, André Jolivet, Jean Langlais, Marcel Landowski ou Henri Tomasi.
En 2003, Maurice André a été consacré par ses pairs « trompettiste du siècle ». Il avait fait ses adieux en concert le 9 octobre 2008, en la cathédrale Saint-Nazaire de Béziers, à l’âge de 75 ans. Il s’était déjà retiré au Pays basque dans les années 1990, à Saint-Jean-de-Luz puis à Urrugne.
Bruno Serrou


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