Paris. Philharmonie. Salle Pierre Boulez. Vendredi 27 janvier 2023
Après une Sinfonietta ennuyeuse à souhait, impression globale due à l’œuvre elle-même amplifiée par une exécution blafarde, précédait une excellente conception de La Voix humaine brillamment restituée par l’orchestre nordique soutenant sans jamais la couvrir, même dans les saillies les plus sonores, une magnifique Véronique Gens, élégante jeune femme abandonnée et éperdue merveilleusement crédible tant elle a incarné avec naturel et intériorité la victime anonyme de cette violente et lâche rupture téléphonique - parasitée par une opératrice incompétente - de sa voix solide et pure au timbre de lumière, velouté et fruité, magnifiés par une diction parfaite. Alexandre Bloch a bien mis en valeur les grands épanchements lyriques ménagés par Poulenc tout en préservant la cantatrice qui n’a jamais eu à forcer sa voix pour passer au-dessus de l’orchestre, mais au contraire ajoutant ses propres couleurs à l’infinie variété de la palette mise en jeu par le compositeur.
A noter que malgré les effectifs réduits des œuvres programmées (cinquante-huit instrumentistes), il manquait pour ce concert parisien de l’Orchestre National de Lille dix de ses titulaires parmi plus de quatre vingt dix musiciens, tant et si bien qu'il a dû être renforcé par onze remplaçants, premier violon inclus, tenu ce vendredi soir par Ji-Yoon Park, qui a décliné l’invitation trois fois réitérée du chef à saluer seule, ainsi que trois violons du rang, trois altos, un violoncelle, une contrebasse, une clarinette et un basson…
Bruno Serrou
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