Paris. Opéra Bastille. Amphithéâtre Olivier Messiaen. Samedi 21 janvier 2023
Ce Petit Chaperon rouge est qualifié par le compositeur d’origine grecque de « théâtre musical tout public pour enfants et six instrumentistes ». Et je reconnais ressentir un véritable plaisir chaque fois que je le vois, partageant sans restriction le bonheur des enfants, qui, en cinquante minutes, n’ont pas le loisir de s’ennuyer, malgré la reprise constante des même courtes phrases dites sous toutes les formes et en tous les sens. Aperghis a ainsi élaboré une délectable entrée dans l’écoute de la musique contemporaine, ludique, subtile, raffinée, captivante, pleine d’émotions, qui brouille les pistes du spectacle lyrique, les musiciens jouant la comédie, les comédiens jouant des instruments…
Sur le plateau, six instrumentistes (2 clarinettes - aussi clarinettes basses -, saxophone soprano, deux pianos droits, violon), l’une étant également danseuse, et deux comédiens… mais tous acteurs, chacun disant le texte de Charles Perrault judicieusement mis en rythme et en musique par Georges Aperghis.
Délicieusement mis en scène par Charlotte Nessi, joué par l’Ensemble Justiniana que la metteur en scène met habilement à contribution autant sur le plan du théâtre que sur celui de la musique, le spectacle de trois-quarts d’heure créé en mars 2020 se situe dans un cabaret conçu par Gérard Champion dans lequel Aperghis se plaît comme lui seul sait le faire à jouer avec les mots et les phrases, le conte étant repris dans tous les sens par deux comédiens, une violoniste-danseuse, deux clarinettistes, deux saxophonistes, loup, chaperon rouge, mère-grand, serviteurs, témoins… Classé par l’Opéra de Paris au sein de sa série Spectacles jeunes publics, ce petit bijou réjouit tous les publics, parents et enfants confondus, venus en nombre.
Dans le rôle du Chaperon rouge, l’agile et polymorphe Anna Swieton, qui excelle à la fois comme violoniste, danseuse servant avec agilité la chorégraphie de Dominique Boivin, et comédienne. Dans celui du Loup, qui d’entrée se refuse d’endosser cet emploi qu’il juge monstrueux au point que l’on ne peut que penser à l’anti-héros des cartoons de Tex Avery, le pianiste Teddy Gauliat-Pitois, qui se donne sans compter, aux côtés de son compère saxophoniste Patrick Ingueneau, en Mère Grand apparaissant dans le prologue en fauteuil roulant, le pianiste Pierre Chalmeau en garde malade psychorigide, les maîtres d’hôtel les comédiens Axel Chalmeau et Arthur Goudal, les facétieux clarinettistes Carjez Gerretsen et Eric Lamberger. Tous débordent d’un humour d’une totale liberté et d’un plaisir de jouer qui emportent le public de façon irrésistible.
Bruno Serrou
1) Opéra de Paris-Bastille jusqu’au 27 janvier 2023
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