mardi 22 novembre 2016

Votre Faust de Butor et Pousseur ouvre le festival Mesure pour Mesure de Montreuil 47 ans après sa création à Milan

Montreuil (Seine-Saint-Denis). Festival Mesure pour Mesure. Nouveau Théâtre de Montreuil. Jeudi 17 novembre 2016

Henri Pousseur (1929-2009), Vôtre Faust. Production d'Aliénor Dauchez et Laurent Cuniot. Photo : (c) Arcadi

Vôtre Faust, pièce de théâtre musical plutôt qu’opéra, est devenu un mythe en moins d’un demi-siècle. Cette partition d’une durée démesurée n’a pas été donnée en France avant le 17 novembre dernier. 

Henri Pousseur (1929-2009), Vôtre Faust. Production d'Aliénor Dauchez et Laurent Cuniot. Photo : (c) Arcadi

Vôtre Faust est classé opéra. Or, il s’agit d’une « fantaisie variable dans le style d’un opéra » en deux actes, en fait une pièce de théâtre musical dont le héros est le compositeur belge Henri Pousseur (1929-2009) en personne, membre de l’Ecole de Darmstadt, tandis que le texte est de l’écrivain français Michel Butor (1926-2016). Ecrit entre 1960 et 1968 pour cinq comédiens,  quatre chanteurs, douze instrumentistes et bande, Votre Faust a été créé à la Piccola Scala de Milan en 1969 et révisé en 1981. Bien qu’il y ait quelques sept heures de matériau musical et théâtral, la structure en œuvre ouverte ne permet pas l’utilisation du tout en une seule représentation, qui se limite à trois heures/trois heures trente, le public décidant du déroulement de l’intrigue sous la conduite d’un médiateur.  

Henri Pousseur (1929-2009), Vôtre Faust. Production d'Aliénor Dauchez et Laurent Cuniot. Photo : (c) Sébastian Bolesch

L’action de Votre Faust est assez simple. Henri [Pousseur], incarné par un comédien, fait une rencontre qui bouleverse sa vie. Un méphistophélique directeur de théâtre lui passe un pacte diabolique : écrire un Faust en échange d’autant de temps, d’argent et de musiciens qu’il désirera. Dessein rapidement mis à mal par l’angélique Maggy, dont il tombe amoureux. A moins qu’il s’agisse de sa sœur, la lascive Greta, qu’il entraîne dans la luxure… Qui choisira de suivre Henri ? Qui devrait-il choisir ?... C’est au public d’en décider... Cinq fins sont envisageables, de la plus heureuse à la plus infernale, une seule achèvera le drame. Dans deux cas seulement, un Faust sera joué.

Henri Pousseur (1929-2009), Vôtre Faust. Production d'Aliénor Dauchez et Laurent Cuniot. Photo : (c) Arcadi

Avec cet « opéra », Henri Pousseur et Michel Butor avaient pour ambition l'éveil d'un public ankylosé par la société de divertissement et de consommation du « sens de la responsabilité et de la dignité spirituelle » que « l’industrie des loisirs s’efforçait d’annihiler dans un haut degré d’apathie »… L’on trouve dans la partition de Pousseur nombre de citations, notamment une trop longue reprise de Don Giovanni de Mozart, et de plus courtes de Chopin, Wagner, Palestrina, du Dies Irae

Henri Pousseur (1929-2009), Vôtre Faust. Production d'Aliénor Dauchez et Laurent Cuniot. Photo : (c) Bruno Serrou

Mise en scène par Aliénor Dauchez, la production présentée par la Compagnie La Cage et l’Ensemble TM+ dirigé avec ferveur par Laurent Cuniot, lui-même acteur muet mais omnipotent, met en avant le théâtre, chanteurs et musiciens étant placés en fond de scène, tandis que l’action est réservée aux seuls comédiens. La scénographie, également d’Aliénor Dauchez, tient du spectacle forain avec en son centre une estrade mobile montée sur amortisseurs symbolisant navire, avion, train, tandis que les instrumentistes s’expriment dans des cages, le tout surplombés par des flonflons courant de la scène à la salle et qui égayent cette pièce longuette qui démontre le désœuvrement de l’avant-garde face à l’opéra alors considéré obsolète. Excellentes prestations en revanche des comédiens Eléonore Briganti, Antoine Sarrazin, Vincent Schmitt, Laetitia Spigarelli et Pierre-Benoist Varoclier, des chanteurs Friedemann Büttner, Kai-Uwe Fahnert, Angela Postweiler et Natalia Pschenitschnikova, ainsi que des musiciens de TM+, tous affublés de costumes extravagants.

Bruno Serrou

Vôtre Faust est en tournée à Châtillon (25/11), Nanterre (13-14/01/17), Vélizy-Villacoublay (27/01/17), Arras (3/02/17), Grenoble (22-23/03/17)


Article paru dans le quotidien La Croix

1 commentaire:

  1. I remember so many years ago hearing sections of this work at a new music festival in San Francisco. All that I can remember is that: It was terrible, ugly sounds and of no theatrical value.

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