Montreuil (Seine-Saint-Denis). Festival Mesure pour Mesure. Nouveau Théâtre de Montreuil. Jeudi 17 novembre 2016
Henri Pousseur (1929-2009), Vôtre Faust. Production d'Aliénor Dauchez et Laurent Cuniot. Photo : (c) Arcadi
Vôtre
Faust, pièce de théâtre
musical plutôt qu’opéra, est devenu un mythe en moins d’un demi-siècle. Cette
partition d’une durée démesurée n’a pas été donnée en France avant le 17
novembre dernier.
Henri Pousseur (1929-2009), Vôtre Faust. Production d'Aliénor Dauchez et Laurent Cuniot. Photo : (c) Arcadi
Vôtre Faust est classé opéra. Or, il s’agit d’une « fantaisie
variable dans le style d’un opéra » en deux actes, en fait une pièce de
théâtre musical dont le héros est le compositeur belge Henri Pousseur
(1929-2009) en personne, membre de l’Ecole de Darmstadt, tandis que le texte est
de l’écrivain français Michel Butor (1926-2016). Ecrit entre 1960 et 1968 pour
cinq comédiens, quatre chanteurs, douze
instrumentistes et bande, Votre Faust
a été créé à la Piccola Scala de Milan en 1969 et révisé en 1981. Bien qu’il y ait
quelques sept heures de matériau musical et théâtral, la structure en œuvre
ouverte ne permet pas l’utilisation du tout en une seule représentation, qui se
limite à trois heures/trois heures trente, le public décidant du déroulement de
l’intrigue sous la conduite d’un médiateur.
Henri Pousseur (1929-2009), Vôtre Faust. Production d'Aliénor Dauchez et Laurent Cuniot. Photo : (c) Sébastian Bolesch
L’action de Votre Faust est assez simple. Henri [Pousseur], incarné par un
comédien, fait une rencontre qui bouleverse sa vie. Un méphistophélique
directeur de théâtre lui passe un pacte diabolique : écrire un Faust en échange d’autant de temps,
d’argent et de musiciens qu’il désirera. Dessein rapidement mis à mal par
l’angélique Maggy, dont il tombe amoureux. A moins qu’il s’agisse de sa sœur,
la lascive Greta, qu’il entraîne dans la luxure… Qui choisira de suivre
Henri ? Qui devrait-il choisir ?... C’est au public d’en décider... Cinq
fins sont envisageables, de la plus heureuse à la plus infernale, une seule
achèvera le drame. Dans deux cas seulement, un Faust sera joué.
Henri Pousseur (1929-2009), Vôtre Faust. Production d'Aliénor Dauchez et Laurent Cuniot. Photo : (c) Arcadi
Avec cet « opéra », Henri Pousseur
et Michel Butor avaient pour ambition l'éveil d'un public ankylosé par la société de
divertissement et de consommation du « sens de la responsabilité et de la
dignité spirituelle » que « l’industrie des loisirs s’efforçait d’annihiler
dans un haut degré d’apathie »… L’on trouve dans la partition de Pousseur
nombre de citations, notamment une trop longue reprise de Don Giovanni de Mozart, et de plus courtes de Chopin, Wagner,
Palestrina, du Dies Irae…
Henri Pousseur (1929-2009), Vôtre Faust. Production d'Aliénor Dauchez et Laurent Cuniot. Photo : (c) Bruno Serrou
Mise en scène par Aliénor
Dauchez, la production présentée par la Compagnie La Cage et l’Ensemble TM+
dirigé avec ferveur par Laurent Cuniot, lui-même acteur muet mais omnipotent, met
en avant le théâtre, chanteurs et musiciens étant placés en fond de scène,
tandis que l’action est réservée aux seuls comédiens. La scénographie,
également d’Aliénor Dauchez, tient du spectacle forain avec en son centre une
estrade mobile montée sur amortisseurs symbolisant navire, avion, train, tandis
que les instrumentistes s’expriment dans des cages, le tout surplombés par des flonflons
courant de la scène à la salle et qui égayent cette pièce longuette qui
démontre le désœuvrement de l’avant-garde face à l’opéra alors considéré
obsolète. Excellentes prestations en revanche des comédiens Eléonore Briganti,
Antoine Sarrazin, Vincent Schmitt, Laetitia Spigarelli et Pierre-Benoist
Varoclier, des chanteurs Friedemann Büttner, Kai-Uwe Fahnert, Angela Postweiler
et Natalia Pschenitschnikova, ainsi que des musiciens de TM+, tous affublés de
costumes extravagants.
Bruno Serrou
Vôtre Faust est en tournée à Châtillon (25/11), Nanterre
(13-14/01/17), Vélizy-Villacoublay (27/01/17), Arras (3/02/17), Grenoble
(22-23/03/17)
Article paru dans le quotidien La Croix
I remember so many years ago hearing sections of this work at a new music festival in San Francisco. All that I can remember is that: It was terrible, ugly sounds and of no theatrical value.
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