Paris. Centre Pompidou, Galerie 3 et Grande Salle. IRCAM, Espace de projection. Vendredi 16 et samedi 17 juin 2023
Le premier des quatre rendez-vous fixés le week-end passé le festival ManiFeste 2023 de l’IRCAM était présenté Galerie 3 du Centre Georges Pompidou sous le titre « Le geste et le temps - Holding Present », public assis sur des coussins disposés sur des praticables entourant l’espace de jeu et au milieu des instruments de musique (timbale, flûte basse, clavier électronique, console informatique) joués par des musiciens de l’ensemble Ictus pour un simili-ballet à huit d’Ula Sickle sans but précis sinon le plaisir de faire vivre des corps ensemble, musique minimaliste puisée chez Alvin Lucier, Pauline Oliveros, Stellan Veloce et Didem Coskunseven, avec deux moments ludiques de triangles, d’abord en solo puis en quatuor.
La Grande Salle du Centre Georges Pompidou accueillait un concert intitulé « REACHing OUT! » qui mettait en valeur les logiciels IRCAM d’IA (Intelligence Artificielle), ManiFeste étant de ce fait en parfaite harmonie avec l’actualité scientifique. La première partie était dévolue à un groupe rock étatsunien, les Horse Lords, assourdissant, brouillons et sans personnalité (des boules Quies étaient discrètement distribuées à l’entrée de la salle à qui en demandait), loin de valoir les bons vieux groupes des années 1960-1970, avec Beatles, Rolling Stones, Cream, Pink Floyd, Who, Jimmy Hendrix Experience, Stevie Wonder, Doors, Deep Purple, Led Zeppelin, etc., etc., etc…
En seconde partie de ce même
concert, une extraordinaire Joëlle Léandre (née en 1951) dans ses propres œuvres,
instaurant en authentique musicienne, inventive, généreuse, constituant un
véritable couple fusionnel avec sa contrebasse, maniant l’humour avec finesse
et un bonheur non feint, son jeu virtuose, ses sonorités d’une richesse
impressionnante, sa voix au large ambitus, la prestation de Joëlle Léandre
étant magnifiée par Gérard Assayag, Mikhail Malt et Marco Fiorini aux claviers
et écrans de l’A Interactive Somax2,
Marco Fiorini jouant également de la guitare électrique en duo avec Joëlle
Léandre.
Samedi après-midi, Espace de projection de l’IRCAM, un récital de harpe avec ou sans électronique live était intitulé « Anyway », titre de l’œuvre la plus développée du programme donnée en première mondiale par le harpiste étatsunien Parker Ramsay. Auparavant, ce dernier a interprété Offrande de 2001 pour harpe solo de Michael Jarrell (né en 1958), suivi de l’immatériel Immaculate sigh of stars (Immaculé soupir des étoiles) de David Fulmer (né en 1981) en création mondiale, avant l’interminable soporifique et désarticulé Anyway pour harpe électroacoustique et électronique live de l’Etatsunien Josh Levine (né en 1959).
Le quatrième concert du deuxième week-end de ManiFeste était confié au remarquable Ensemble Court-Circuit pour une création pour douze instruments (flûte, hautbois, clarinette, basson, deux cors, trompette, trombone, violon, alto, violoncelle, contrebasse) répartis autour du public et électronique immersive en temps réel, le dense et inventif Sources rayonnantes, partition dans laquelle le compositeur chilien José Miguel Fernandez (né en 1973) écrit un nombre copieux de pizz. Bartók particulièrement dévolus à la contrebasse dans une œuvre magistralement dirigée, tel un athlète de haut vol, par Jean Deroyer dont le public, qui l’avait face à lui, a pu goûter à satiété l’extrême précision de la gestique.
Entourant le chef-d’œuvre hors du temps de Luciano Berio (1925-2003) pour bande magnétique Tema, Omaggio a Joyce (Thème, Hommage à Joyce) de 1958 où l’on retrouve la voix inoubliable de la cantatrice Cathy Berberian, alors l’épouse du compositeur, magnifiquement diffusée par la technologie IRCAM, ainsi que de deux autres pièces, le foisonnant Embedding Tangles (Enchevêtrements) écrit en 2013 pour flûte et électronique en temps réel dédié au flûtiste Mario Caroli par l’Italienne Lara Morciano (née en 1968) brillamment interprété par Anne Cartel, et le monochrome, a contrario de ce que laissait envisager le beau titre Fiori di sangue e rugiada (Fleurs de sang et de rosée) pour mezzo-soprano, violon, violoncelle (Stéphanie Guérin, Alexandra Greffin-Klein, Clotilde Lacroix) et électronique de l’Italien Matteo Gualandi (né en 1995).
Bruno Serrou
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