Paris. Philharmonie. Salle Boulez. Jeudi 29 septembre 2022
María Dueñas, Paavo Järvi et l'Orchestre de Paris. Photo : (c) Bruno Serrou
Retrouvant avec un plaisir non fin son ex-directeur
musical Paavo Järvi (2010-2016), l’Orchestre de Paris a reçu cette semaine pour
la première fois la jeune violoniste María Dueñas. Née en 2003 à Grenade, élève
à sept ans de l’Académie de Musique Carl Maria von Weber de Dresde, l’artiste
espagnole a fait ses études auprès de Boris Kuschnir à l’Université de la Musique
et des Arts de Vienne. Vainqueur de nombreux concours, le dernier en date étant
le Yehudi Menuhin à Richmond en 2021, elle s’est déjà produite dans la majorité
des grandes capitales musicales du monde. Egalement compositrice, elle joue sur
des instruments prestigieux qui lui sont confiés par trois fondations, un
Niccolo Gagliano de 1774, le Guarneri del Gesu « Muntz » de 1736 et
un Stradivarius qui lui est prêté grâce à sa victoire au Concours Menuhin.
María Dueñas (violon) et l'Otchestre de Paris. Photo : (c) Bruno Serrou
Sans précision quant à l’instrument qu’elle a choisi
pour sa première prestation parisienne, la première des qualités qu’il convient
de relever chez María Dueñas est la rondeur et la plénitude de sa sonorité,
lumineuse et charnelle, sa main gauche déliée et précise mais au vibrato un
rien trop ample. Son Concerto pour violon et orchestre en ré majeur op. 35 de Tchaïkovski a séduit par sa
maîtrise, son ampleur, son chant épanoui, où seul un vibrato légèrement trop
large déjà signalé a pu gêner certains auditeurs. Son engagement et sa
musicalité radieuse qui ont engendré quelques facéties de la part de son archet
dont les crins se rompaient à l’envi, ont envoûté une Salle Pierre Boulez remplie
à ras bord qui l’a écoutée médusée dans un silence souverain. Couvée du regard
par Paavo Järvi, attentif à la moindre de ses inflexions, la violoniste andalouse
a dialogué avec un Orchestre de Paris polychrome, de sonorités chaudes et
onctueuses. En bis, María Dueñas a donné Recuerdos de la Alhambra de Francisco Tarrega (1852-1909) dans
un arrangement pour violon solo de Ruggiero Ricci.
Paavo Järvi. Photo : DR
Avant le concerto, l’orchestre au complet a donné une interprétation poétique et flamboyante de la première suite de la musique de scène de Peer Gynt op. 23 d’Edvard Grieg, et en seconde partie la trop rare Symphonie n° 2 « Les Quatre Tempéraments » op. 16 que Carl Nielsen a composée en 1901-1902, une musique dans laquelle Paavo Järvi excelle, lui donnant tout son bouquet, ses contrastes, sa puissance évocatrice, sa fluidité intrinsèque, tandis que les pupitres solistes, à l’instar des tutti, ont trouvé à exprimer à satiété leur virtuose musicalité.
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