« Le compositeur le plus important pour ma voix est Richard Wagner. C’est un cadeau de pouvoir le chanter, se félicite Günther Groissböck. Stabilité de la ligne, puissance, couleur me permettent de m’exprimer pleinement dans ce répertoire, mais c’est bien plus que pour mes capacités vocales, c’est dans l’intellectuel, l’émotionnel que je me sens très proche de cette musique, à la fois opéra, théâtre, lied. »
Né en 1976 dans les environs de
Vienne, la basse autrichienne se distingue par sa voix harmonieuse, son
articulation digne du récitant des Passions
de Bach, l’élégance de sa tenue vocale, sa haute exigence envers
lui-même, au point que se jugeant incapable de se donner totalement pour ses
Wotan à Bayreuth, il a décidé de renoncer en 2020, cinq jours avant la première de
La Walkyrie (il a cependant été le Landgrave dans Tannhäuser), ainsi que 2022 pour manque de préparation dû au Covid-19.
L’été dernier, il y cependant donné ses premières master-classes, Villa Wahnfried. « J’ai
beaucoup apprécié, car on apprend abondamment des échanges professeur-élève. On
sait instinctivement, mais quand il s’agit de transmettre on analyse ce que l’on
fait surtout dans ce métier où l’on a plus de vingt langues à chanter. » Il
y a aussi chanté les Adieux de Wotan
dans La Walkyrie en concert. « J’aime
Bayreuth, où j’ai débuté en 2011, mais cet été a été si difficile que j’ai
préféré faire un ’’Bayreuth Brake’’ jusqu’en 2024, sachant que dans deux ans je serai
content de retrouver le Festspielhaus. »
Groissböck a été l’élève de Robert Holle
à l’Académie de Vienne, et de José Van Dam, dont il a fait la connaissance à
Zürich dans une production des Maîtres
Chanteurs où il était le Veilleur de nuit aux côtés du Sachs de la basse
belge. « Un jour, il est venu me parler, se souvient-il. Il m’a dit ’’Tu
as une grande voix mais tu n’es pas un bon chanteur’’. Il a commencé à m’entraîner
de façon suivie et nous avons développé une longue et belle relation. » Le
public français le découvre dans Fierrabras
de Schubert au Châtelet en 2006 dans une production de Zürich, puis dans le Ring à Strasbourg en 2007 (Fasolt), celui
de l’Opéra de Paris (Fafner/Hunding) en 2010 et 2013 - année où il participe au
Ring de Genève (Hunding) -, dans Les Maîtres Chanteurs (Veit Pogner) à l’Opéra
de Paris en 2016, Parsifal
(Gurnemanz) en 2018… Ce mois-ci, il est de retour à l’Opéra de Paris dans la production
de Willy Decker du Vaisseau fantôme
(1). Célébré pour sa constance vocale et sa noblesse de ton, il sera cette saison Wotan de La Walkyrie à l’Opéra de Vienne. L’Opéra
de Paris le programme en 2023 dans un ouvrage slave... Avant, il aura
été Banco (Macbeth) au Covent Garden de Londres,
Sarastro (la Flûte enchantée) à l'Opéra d'Etat de Munich, le baron Ochs (le Chevalier à la rose)
à l'Opéra d'Etat de Vienne, le Commandeur (Don Giovanni)
à La Scala de Milan, Philippe II (Don Carlos)
à l'Opéra de Wiesbaden…
Bruno Serrou
(Paru dans La Croix datée vendredi 29 octobre 2021)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire