Michel Sénéchal (1927-2018). Photo : (c) Pedro Ruiz/Académie internationale de musique française
Michel Sénéchal, grande figure de
l’art lyrique français, est mort dans la nuit de samedi à dimanche dans un
hôpital de la région parisienne, à Eaubonne (Val d’Oise), à l’âge de 91 ans. Ce
ténor dit « de caractère » tant sa voix était haut-perchée et
reconnaissable entre toutes, et dont la carrière internationale a porté l’art
du chant français dans le monde entier, était doué d’un humour contagieux. Mourir
un 1er avril est donc loin d’être anecdotique…
Photo : (c) Opéra de Marseille
Né à Paris le 11 février 1927,
vivant à Taverny depuis son enfance, il s’est autant illustré dans l’opéra que dans l’opéra-comique, de Rameau à Ravel, d’Offenbach à Dvorak. Mais ses personnages les plus représentatifs sont ceux du rôle-titre de Platée de Rameau, qu’il aborde pour la première fois au Festival d’Aix-en-Provence
sous la direction de Hans Rosbaud (EMI, 1956), et de la Théière, la Rainette et
Arithmétique dans l’Enfant et les
sortilèges ainsi que l’Heure espagnole de
Ravel qu’il enregistre tous deux avec Lorin Maazel (DG), se produisant dans les
grands théâtres lyriques de la planète, notamment au Metropolitan Opera de New
York, où il a débuté en 1982 dans le rôle de Frantz des Contes d’Hoffmann, et dans les festivals les plus réputés,
particulièrement celui d’Aix-en-Provence, où il s’est illustré pendant un quart
de siècle, ainsi qu’au Festival de Salzbourg. Pédagogue, il militait pour la
réhabilitation du chant français, et fondant avec Georges Prêtre l’association
L’Art du chant français pour la défense et la promotion du patrimoine musical
et lyrique. Jusqu’en 1994, il dirige l’Ecole d’art lyrique de l’Opéra de Paris,
puis en mai 2008, il lance avec Gabriel Bacquier en faveur des chanteurs
français qui ne trouvent plus d’engagements sur les scènes lyriques de leur
propre pays, avant de participer en 2014 à l’Académie internationale de musique
française lancée par Michel Plasson.
Michel Sénéchal dans le rôle de Platée de Rameau. Photo : DR
Michel Plasson avec qui il a
enregistré nombre de disques, entre
autres Orphée aux Enfers, La Vie parisienne
et La Périchole d’Offenbach (EMI). Ce
sont les rôles de « caractère » qui lui avaient ouvert les portes des
lieux les plus prestigieux, dont celles de Salzbourg, où l’avait appelé Herbert
von Karajan pour qui il sera Basilio des Noces
de Figaro, le Dancaïre de Carmen,
Goro dans Madama Butterfly, Alcidoro
et Benoît dans La Bohème, Roderigo
dans Otello, aux côtés de Mirella
Freni et de Jon Vickers… A l’Opéra de Paris, il est l’Innocent dans Boris Godounov, Frantz des Contes d’Hoffmann, Basilio dans les Noces
de Figaro. Puis il se fait une spécialité de personnages comme Triquet dans
Eugène Onéguine, Guillot dans Manon, Spoletta dans Tosca, Altoum dans Turandot, Valzacchi dans le
Chevalier à la rose, l’Aumônier dans Dialogues
des Carmélites, rôle dans lequel il fait ses adieux à l’Opéra de Paris en
novembre 2004. Il participe à la création de Saint François d’Assise de Messiaen en 1983 à l’Opéra de Paris où
il est Frère Elie, de Montségur de
Marcel Landowski en Fabien au Capitole de Toulouse en 1985, Doktor Faustus (pape Léon X) de Konrad
Boehmer à l’Opéra de Paris en 1985. Il participe également à la première
française de plusieurs ouvrages de Benjamin Britten.
Michel Sénéchal dans le rôle de Frère Elie de Saint François d'Assise d'Olivier Messiaen. Photo : (c) Jean-Pierre Muller
Après ses études au Conservatoire
de Paris où il est l’élève de Gabriel Paulet, Michel Sénéchal fait ses débuts
en 1950 sur la scène du Théâtre de la Monnaie de Bruxelles, où il réside
pendant trois ans. Après un Premier Prix au Concours de Genève en 1952, il est
engagé par Gabriel Dussurget au Festival d’Aix-en-Provence, où il interprète
les grands rôles mozartiens (l’Enlèvement
au sérail, les Noces de Figaro, Cosi fan tutte, la Flûte enchantée) et rossiniens (le Barbier de Séville, le
Comte Ory), ainsi que Mireille de
Gounod. A la fin de sa carrière, c’est le Théâtre du Châtelet qui l’invite à se
produire dans les Mamelles de Tirésias,
l’Enfant et les sortilèges, la Belle Hélène.
Bruno Serrou
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