Gaetano Donizetti (1797-1848), Viva la mamma!. Laurent Naouri (Mamma Agata), Pietro Di Bianco (Biscroma, chef d'orchestre), Enric Martinez-Castignani (Cesare, poète). Photo : (c) Stofleth/Opéra de Lyon
L’opéra de Lyon clôt la saison 2016-2017 sur une farce méconnue de
Donizetti, Viva la mamma !,
opéra sur l’opéra dans une production luxueuse de Laurent Pelly.
Gaetano Donizetti (1797-1848), Viva la mamma!. Enea Scala (Guglielmo, primo tenore), Clara Meloni (Luigia, seconda donna), Pietro Di Bianco (Biscroma, chef d'orchestre), Patrizia Ciofi (Daria, prima donna), Charles Rice (Procolo, son mari). Photo : (c) Stofleth/Opéra de Lyon
Seconde version du
vingt-et-unième opéra de Gaetano Donizetti (1797-1848) composé pour Naples en
1827 sous le titre Le convenienze
teatrali (Les conventions théâtrales),
Viva la mamma ! ou Le convenienze ed inconvenienze teatrali
(Les conventions et inconvenances
théâtrales) a été créé à Milan en 1731. Le compositeur, également
signataire du livret tiré d’une comédie d’Antonio Simone Sografi, déploie en
deux actes une farce sur l’opéra dans l’opéra. Mise en abîme qui, de Mozart (Le directeur de théâtre) à Richard
Strauss (Ariane à Naxos, La femme silencieuse, Capriccio),
a fait florès.
Gaetano Donizetti (1797-1848), Viva la mamma!. Laurent Naouri (Mamma Agata), Pietro Di Bianco (Biscroma, chef d'orchestre), Enea Scala (Guglielmo, primo tenore). Photo : (c) Stofleth/Opéra de Lyon
Selon les conventions du genre, Viva la mamma ! conte les
mésaventures durant une répétition d’un compositeur, d’un poète et d’un
impressario face aux exigences et à l’ego des chanteurs. La répétition de
l’opéra Romulus ed Ersilla bat son
plein dans un théâtre de Lodi. Tandis que le compositeur prodigue ses conseils
à la prima donna évidemment capricieuse escortée de son époux et que les autres
se lamentent du peu de cas qui leur est réservé, Mamma Agata fait irruption
pour exiger que sa fille Luigia, seconda donna de la troupe, se voit confier un
grand solo et un duo avec la prima donna, qui, naturellement, s’y oppose
formellement. Ce qui conduit à un pugilat général, jusqu’à ce que l’on finisse
par s’apercevoir que le contre-ténor est parti. Peu importe, Mamma Agata, qui
chante comme une casserole, se propose de remplacer au pied-levé le castrat
évaporé... Ainsi, tout part à vau-l’eau… Musicalement, Donizetti s’inspire sans
vergogne de Rossini.
Gaetano Donizetti (1797-1848), Viva la mamma!. Clara Meloni (Luigia, seconda donna), Laurent Naouri (Mamma Agata), Piotr Micinski (l'impresario), Pietro Di Bianco (Biscroma, chef d'orchestre). Photo : (c) Stofleth/Opéra de Lyon
Dans de somptueux décors de
Chantal Thomas, Laurent Pelly signe un spectacle pétulant associant subtilement
burlesque et émoi. La production se joue du temps et de la nostalgie,
commençant dans un parking aménagé au milieu de vestiges fantomatiques d’un
vieux théâtre à l’italienne où les personnages apparaissent tels des spectres
venus d’une époque révolue, et s’achevant dans ce même théâtre à l’époque de sa
splendeur. La direction d’acteur est d’une efficacité redoutable, et l’on sent combien
Pelly aime comédiens et chanteurs tant il s’en donne à cœur-joie dans la
caricature de l’opéra baroque, accoutrant ses personnages et choristes de
costumes gréco-romains dignes des opere
serie de Rossini. Laurent Naouri se régale autant que le public dans le
rôle de Mamma Agata, Patrizia Ciofi est une prima donna d’une grande élégance,
autant dans la stature que dans la ligne de chant, tandis que l’ensemble de la
troupe leur donne une brillante réplique. Le jeune chef italien Lorenzo Viotti
anime le tout avec panache.
Bruno Serrou
Jusqu’au 8 juillet. Rens. :
04.69.85.54.54. www.opera-lyon.com. Le
spectacle est retransmis sur grand-écran dans 14 villes de la région
Auvergne-Rhône-Alpes le 8/07 à 21h30
D'après mon compte-rendu paru dans La Croix daté lundi 26 juin 2017
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