Elisabeth Chojnacka (1939-2017). Photo : DR
Grande figure de la création
musicale contemporaine, Elisabeth Chojnacka a ravivé l’intérêt des compositeurs
du XXe siècle pour un instrument à l’image connotée salons de l’ancien
régime, le clavecin pour en faire un instrument moderne à travers le nombre considérable
d’œuvres qu’elle a commandées et inspirées auprès des compositeurs les plus
divers et parmi les plus grands de notre temps. C’est le plus souvent grâce à
elle que ces derniers ont découvert « combien fantastiquement unique est encore
le vieil instrument » : Iannis Xenakis, György Ligeti, Franco
Donatoni, Cristobal Halffter, Maurice Ohana, Marius Constant, François-Bernard
Mâche, Luc Ferrari, Sylvano Bussotti, Henryk Gorecki, Michael Nyman, Maki Ishi,
Betsy Jolas, Toshi Ishyanagi, pour ne citer qu'eux. Une jeune génération
de compositeurs a pris la relève, comme Steve Montague, Mauricio Sotelo, Martin
Matalon, Pawel Mykietyn, Dmitri Yanov-Yanovsky, Yann Maresz parmi de nombreux
confrères, confirmant ainsi la permanence de l’intérêt du clavecin.
Elisabeth Chojnacka (1939-2017). Photo : DR
Née à Varsovie le 10 septembre
1939, Elisabeth Chojnacka a fait ses études musicales à l’Académie de Musique
Frédéric Chopin, où elle avait obtenu un premier prix en 1962 et un Master of
Arts. Puis elle se rend à Paris où elle devient l’élève d'Aimée Van de Wiele.
En 1968, elle remporte le Premier Prix du Concours International de Vercelli en
Italie, et donne deux ans plus tard son premier récital de clavecin
contemporain, à Paris. En 1971, elle enregistre son premier disque de musique
contemporaine, « Clavecin 2000 ». En 1972, elle commence à collaborer
avec les groupes de musique contemporaine Ars Nova, Domaine Musical, 2e2m, L’Itinéraire,
London Sinfonietta, Asko Ensemble, Ensemble Intercontemporain, Xenakis Ensemble.
Elisabeth Chojnacka (1939-2017). Photo : (c) Magnum
Jouant avec des partenaires comme l’organiste Xavier Darasse et le
percussionniste Sylvio Gualda, elle s’intéresse également à la musique
ancienne, que ce soit en concert ou en vue d’enregistrements. Elle joue souvent
avec une amplification du son de son instrument, particulièrement celui qu’elle
avait fait faire sur mesure par le facteur Anthony Sidey, qui a les mêmes
qualités sonores qu’un clavecin ancien, enrichies des possibilités de jeu d’un
clavecin moderne. « J’avais rencontré en mai 1968 dans des assemblées de
musiciens, se souvient son ami compositeur François-Bernard Mâche (1), une
claveciniste polonaise, Elisabeth Chojnacka, qui venait d’arriver en France et quoi
n’y avait encore donné aucun concert. Je lui ai dit que je m’intéressais au
clavecin depuis mon adolescence, dédiant dès cette époque une petite toccata,
et que j’entendais continuer à écrire pour lui. Ce qui l’a intéressée. Je lui
ai écrit Korwar qu’elle créera à
Bourges en mai 1972 et qui est devenu presque un tube sous ses doigts. Elle l’a
joué des dizaines de fois, avec un constant succès. »
Elisabeth Chojnacka s’est éteinte
à Paris dimanche 28 mai 2017
Bruno Serrou
1) François-Bernard Mâche. De la
musique, des langues et des oiseaux. Entretien avec Bruno Serrou. Editions
Michel de Maule (284 pages, 2007)
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