Depuis le décès de Pierre Boulez
le 6 janvier 2016, son ami et collaborateur depuis un demi-siècle Daniel Barenboïm
n’a de cesse de lui rendre des hommages aussi sincères qu’appuyés. Le plus notable
est la Pierre Boulez Saal, salle de concerts de musique de chambre conçue par
Frank Gehry pour l’Académie Barenboïm-Said qui a été inaugurée en mars dernier
avec le premier concert de par un nouvel ensemble instrumental, le Boulez
Ensemble. En concordance avec cet événement, DG publie ce double album CD
consacré à la musique de Boulez avec les jeunes musiciens israélo-palestinien
du West-Eastern Divan Orchestra fondé en 1999 par Daniel Barenboïm et Edward
Saïd.
Le premier disque, réunit trois œuvres
enregistrées aux Proms de Londres en 2012 : Dérive 2 pour onze instruments (1988-2006/2008) dans une
interprétation rutilante et énergique ; Dialogue de l’ombre double pour clarinette, bande préenregistrée et
informatique en temps réel (1984) interprété avec maestria par le clarinettiste
solo du West-Eastern Divan, le Germano-Palestinien Jussef Eisa désormais
clarinette solo de l’Orchestre de l’Opéra d’Etat de Bavière ; Memoriale (« …explosante-fixe… » Originel) pour flûte et huit
instruments (1985/1993), avec en soliste le flûtiste israélien Guy Eshed,
actuellement flûte solo de l’Orchestre du Mai Musical de Florence, dialoguant
avec ses confrères du West-Eastern Divan Orchestra.
Pierre Boulez (1925-2016). Photo : (c) Harald Hoffmann / DG
Le second disque assemble trois œuvres
enregistrées à la Staatsoper de Berlin en 2010 représentatives des trois grandes
périodes du compositeur, Le Marteau sans
maître pour contralto et six instruments sur un texte de René Char
(1953/1955), Messagesquisse pour
violoncelle solo et six violoncelles (1976/1977) et Anthèmes 2 (1997) pour violon et informatique en temps réel. Le fils
de Daniel Barenboïm, Michael Barenboïm, violon solo du West-Eastern Divan
Orchestra, surmonte avec vigilance les traits escarpés d’Anthèmes 2, à l’instar du violoncelliste qatari Hassan Moataz El
Molla dans Messagesquisse. Mais le
moment le plus marquant de ce CD est Le
Marteau sans maître dirigé par Pierre Boulez avec en soliste l’excellente contralto
dramatique galloise Hilary Summers. Le compositeur, dont c’est le cinquième ou
sixième témoignage discographique dans cette partition emblématique, offre sans
doute sa version la plus souple et onirique tout en restant toujours aussi
précis et acéré à la tête de l’excellent ensemble du West-Eastern Divan
Orchestra.
Un très bel hommage de la
jeunesse à un compositeur, Pierre Boulez, qui aimait à transmettre aux jeunes
générations.
Bruno Serrou
2CD DG 479 7160. Dur. : 2h 22mn 27s. Enr. : 2010 et 2012.
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