Paris, Salle Pleyel, jeudi 24 octobre 2013
Paavo Järvi. Photo : DR
Soirée
russe hier à l’Orchestre de Paris, Salle Pleyel, avec trois partitions célèbres
qui ont permis de retrouver une phalange en super forme avant son départ de
Paris pour une tournée d’une douzaine de jours en Extrême Orient, Vietnam et Japon, avec une
dizaine d’œuvres au programme.
Orchestre de Paris. Photo : (c) A. Deniau, DR
Pour
ce premier concert de la saison 2013-2014 auquel j’aurai assisté, l’Orchestre
de Paris m’est apparu plus éblouissant que jamais. La fusion directeur musical
/ musiciens semble désormais absolue, tant il est évident que les membres de la
première formation symphonique parisienne sont heureux de se produire ensemble
sur le plateau de Pleyel, leurs visages radieux trahissant un indubitable
bonheur de jouer. Cela dès l’ouverture de Rouslan
et Ludmilla de Mikhaïl Glinka, œuvre fondatrice de la musique russe dont
les mélodies limpides et délectables amalgamant musique populaire russe (le
piano et la harpe en imitation du gousli) savante occidentale (le Barbier de Séville de Rossini) sont apparues comme un délicieux hors-d’œuvre,
jouées avec un plaisir patent par l’Orchestre de Paris.
Yefim Bronfman. Photo : DR
Plus
populaire encore quant à la notoriété, le célébrissime Concerto n° 1 pour piano et orchestre en si bémol mineur op. 23 de Piotr Ilyitch Tchaïkovski a chanté comme
rarement sous les doigts d’acier enrobés de gants de velours de Yefim Bronfman,
dont la puissance contenue a suscité de la part du public une volée d’applaudissements
dès la fin de l’Allegro initial,
comme c’est souvent le cas à la fin du scherzo de la Sixième Symphonie du même Tchaïkovski. Les sonorités exaltées avec
une dextérité à toute épreuve par le pianiste israélien d’origine russe se sont
formidablement combinées à celles de l’Orchestre de Paris. Jouant sans pathos ni effusion, le geste d’une simplicité exemplaire, Bronfman a donné de l’œuvre
une interprétation sereine et noble remarquablement sertie par l’Orchestre de
Paris dont les pupitres solistes ont rivalisé de chaleur et de précision avec
le pianiste. Ce dernier a ensuite offert à un public avide deux bis, une féerique
Etude de Frédéric Chopin et, surtout,
un diabolique final de la Sonate pour piano n° 7 op. 83 de Serge Prokofiev emporté en un crescendo d’une intensité
à couper le souffle et une virtuosité à toute épreuve…
… Un finale de sonate dantesque qui aura préludé de
magistrale façon à la seconde partie du concert entièrement consacrée à la Symphonie n° 5 en si bémol majeur op. 100
du même Prokofiev. Paavo Järvi et l’Orchestre de Paris, d’une assiduité technique
et d’un foisonnement sonore époustouflant, ont donné de la plus spectaculaire
des symphonies du compositeur russe qui figure judicieusement au programme des
concerts de la tournée au Japon, une lecture bondissante, tendue, aérée, une véritable
jubilation de rythmes, de timbres et de fureur - à l’instar du premier
mouvement du concerto de Tchaïkovski, une partie du public n’a pu réfréner des
applaudissements au terme de l’Allegro marcato.
Bruno Serrou
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