Photo : (c) Bruno Serrou
Par son originalité et par la
témérité de ses propositions, le festival Aujourd’hui Musiques s’impose comme
un rendez-vous les plus novateurs de la création musicale
Perpignan, le Castillet. Photo : (c) Bruno Serrou
Créé en 1992, le festival de
musique contemporaine Aujourd’hui Musiques est l’un des plus créatifs de France
et les plus proches de son public. Et qui dit créatif, dit prise de risques, ce
qui suscite bien des surprises, aussi souvent enthousiasmante que décevante… La
mission de la manifestation est d’accompagner les évolutions technologiques de
notre temps et de se projeter dans l’avenir. Ce rendez-vous automnal attire un
public toujours plus divers et nombreux, de tous les âges grâce à sa
programmation mais aussi à ses actions pédagogiques en amont ainsi que durant
la manifestation même.
Perpignan, Théâtre de l'Archipel. Photo : (c) Bruno Serrou
Depuis son implantation dans les
murs du théâtre de l’Archipel, ses trois salles et ses dégagements en 2011,
Aujourd’hui Musiques, né dans les murs du Conservatoire de Perpignan, peut
présenter simultanément plusieurs spectacles. « Les machines ne sont plus
cantonnées dans le secret des laboratoires, remarque Jackie Surjus-Collet
directrice artistique du festival, elles sont entrées dans nos vies et
participent à notre vision du monde. »
"Light Painting Sonore" installation d'Erik Lorré. Photo : (c) Bruno Serrou
S’adressant essentiellement à
l’agglomération de Perpignan et au département des Pyrénées-Orientales,
Aujourd’hui Musiques attire neuf mille spectateurs venant de tous les horizons,
abonnés du théâtre, jeunes épris d’arts contemporains et acteurs des mouvements
alternatifs, de l’action culturelle, mélomanes, mais aussi des curieux qui ne
savent pas précisément ce qu’il vont voir et entendre. Ce festival est ancré
dans son temps, il s’intéresse à la nouvelle lutherie, aux nouvelles
technologies, associant plasticiens, vidéastes, chorégraphes. « Ce qui est
exceptionnel aussi, se félicite Surjus, est que ce festival de musique
contemporaine soit rattaché à une scène nationale, qui participe à son budget
qui s’élève à 200.000€, avec le soutien du ministère de la Culture, de la
région Occitanie, de l’agglomération de Perpignan et de la SACEM. Nous cherchons à ce que le public
perde ses repères en associant tous les modes d’expression musicale d’aujourd’hui,
y compris le jazz et la variété. Pour conquérir un nouveau public il faut le
valoriser, surtout dans ce monde archi-formaté. » Pendant toute la durée
du festival, trois lycéens option audiovisuel tournent un film sur la
manifestation, et trois jeunes de la radio des foyers ruraux du Roussillon font
des reportages diffusés chaque jour sur Internet…
Ensemble Les Eléments, Percussions Claviers de Lyon, Joël Suhubiette (direction). Photo : (c) Bruno Serrou
L’édition 2019 s’est ouverte le
15 novembre sur un récital de piano à quatre mains dans le hall du théâtre,
avec une commande du festival, à l’instar de toutes les soirées de la
manifestation. Cette fois, c’est Matthieu Millischer, qui a joué sa propre
pièce (Doppelgänger), avant un
concert qui allait attirer les foules, associant deux ensembles de très grande
qualité, les cinq musiciens des Percussions Claviers de Lyon et le Chœur de chambre
Les Eléments de Joël Suhubiette autour de la musique minimaliste américaine
(Steve Reich, Leonard Bernstein, John Cage, Philip Glass, Gavin Bryars, Graham
Fitkin).
Rebecca Féron (harpe) et le Quatuor Euterpe. Photo : (c) Bruno Serrou
La véritable découverte du premier des deux week-ends d’Aujourd’hui
Musiques restera la compositrice-harpiste Rébecca Féron, qui, associée au
Quatuor Euterpe, a donné en création son Turbulences
dans lequel elle exploite toutes les aptitudes de la harpe, utilisant au-delà
de ses mains et de ses pieds, plectre, maillet, électronique, sans que ce soit
pour autant une série de démonstrations mais une véritable proposition
musicale, inventive et surprenante.
Installation de Ballons volants. Photo : (c) Bruno Serrou
Plus expérimentale encore, la « déambulation
sensorielle » à travers le théâtre au milieu d’instruments conceptuels et
de situations ludiques autour de tags, de vols de ballons, de jeux de lumière
musicaux conçus par Florent Colautti, Vincent Martial et Erik Lorré…
"Je brûle... et elle s'inclina de quelques degrés", installation de Florent Colautti. Photo : (c) Bruno Serrou
Côté déceptions, le spectacle donné deux soirs de suite,
hélas, de la compagnie La Truc de Cyril Hernandez, Emmanuel Labard Gustavo
Gelmini qui frisait l’amateurisme (gestique lourdement improvisée, mouvements pachydermiques,
lumières aveuglantes, vidéo élémentaire, musique basique), au grand dam des
organisateurs et du public…
Bruno Serrou
Jusqu’au 24 novembre 2019.
Réservations : 04.68.62.00. www.theatredelarchipel.org
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