Paris, Opéra national de Paris-Bastille, lundi 25 novembre 2013
Créé
en 1835, huit mois avant la mort de son auteur, I Puritani (Les Puritains)
de Vincenzo Bellini (1801-1835) n’est guère présent en France que par ses airs
de bravoure, et il n’est que les discophiles pour être familiers de l’ouvrage
entier. En effet, depuis l’immense succès de sa création au Théâtre-Italiens à
Paris, ce melodramma serio en trois
actes est peu représenté, l’unique production à l’Opéra de Paris remontant à
1987. Encore venait-elle de Cardiff…
Ultime
opéra de Bellini né d’une commande de Rossini pour le Théâtre-Italiens de Paris,
Les Puritains se fonde sur un livret italien
de Carlo Pepoli tiré d’un drame français d’Ancelot et Saintine inspiré d’un
roman de l’Ecossais Walter Scott. L’action alambiquée et lapidaire se déroule à
Plymouth après la décapitation du roi Charles Ier. Une histoire
d’amour se noue lors d’une rencontre entre opposants politiques, un Puritain partisan
de Cromwell, et un Cavalier fidèle aux Stuart. A l’instar de Lucia di Lammermoor de Donizetti composé
la même année, Les Puritains a été
rendu célèbre par la scène de la folie du personnage féminin central, Elvire,
fille de Puritain éprise du Cavalier Arturo.
L’Opéra
de Paris s’adonne ici à l’économie, avec des décors tournant de Chantal Thomas réduits
à l’état de fer forgé formant silhouettes de château et de salles et symbolisant
l’enfermement psychologique des protagonistes et, surtout, la claustration de
l’héroïne, dont la chambre-cellule est une cage à oiseaux. Seule tâche de couleur
dans cet univers métallique parcouru de nuages noirs, un court feu de cheminée.
La mise en scène de Laurent Pelly est minimaliste, comme ses costumes
monochromes. Seule Elvira est être de chair. Les autres personnages ont des
attitudes outrées souvent plantés sans savoir que faire. Pelly charge même le
mélodrame, déplaçant dix-huit soldats en long, en large et en travers du plateau d’un pas pesant pour le moins caricatural, alors que la foule
se meut façon derviches tourneurs.
Les
deux rôles principaux sont d’une exigence extrême, dotés de toute une série
d’aigus surhumains, le ténor bénéficiant même d’un contre-fa. Maria Agresta
(Elvira) et Dmitri Korchak (Arturo) ont l’organe idoine et sont d’une constante
musicalité. Le reste de la distribution est à niveau, bien que pétrifié par la
mise en scène, Mariusz Kwiecien (Riccardo, rival d’Arturo) et, surtout, le remarquable Michele Pertusi
(Giorgio, oncle d’Elvira) rivalisant de vocalité.
L’orchestre de Bellini est
foisonnant. Les instruments à vent sont particulièrement sollicités, donnant
aux personnages et aux sentiments couleurs et carnation, tandis que la
partition reste dans les standards du belcanto. Michele Mariotti fait
scintiller cuivres et bois mais il tend à couvrir les chanteurs qu’il pousse dans leurs
réserves aux dépends du phrasé, des respirations et des nuances.
Bruno Serrou
Photos : (c) Andrea Messana, Opéra national de Paris
Cet article reproduit pour l’essentiel celui que j’ai écrit pour le quotidien La Croix publié le 29 novembre 2013
Cet article reproduit pour l’essentiel celui que j’ai écrit pour le quotidien La Croix publié le 29 novembre 2013
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