Né
à Paris le 27 octobre 1927, le compositeur Bernard Parmegiani est mort dans la
nuit du jeudi 21 au vendredi 22 novembre 2013. Il avait 86 ans.
Bernard Parmegiani (1927-2013). Photo : DR
Homme au sourire humble et austère caché par une barbe
foisonnante mais toujours taillée de près, et d’une courtoisie exquise, il s’étonnait
de l’importance que ses confrères accordaient à son travail et à ses
réalisations. Je l’avais personnellement côtoyé fin 2005 durant une longue
interview filmé dans son appartement et son studio parisien que j’avais menée
dans le cadre de la série « Musique, Mémoire » que l’INA, dont dépend
le GRM pour qui il travailla plus de trente ans, coproduisit dans les années
1990-2000 avec la SACEM. Il est étonnant qu’aujourd’hui, alors que l’INA lui
rend hommage, les 11h30 d’entretiens ne soient pas disponibles sur le site de l’INA
et n’ait pas fait l’objet d’une publication, contrairement à d’autres
interviews réalisées dans le même cadre. L'INA ne m'a pas même transmis le script du film...
Claude Ballif disait de lui : « Parmi les plus doués pour cette
musique-là (la musique concrète), l’un des plus musiciens est Bernard Parmegiani,
qui est vraiment fait pour elle. On m’avait demandé de le faire travailler - je
le vois encore, avec sa tête sévère et sa barbe : ‘’Ecoute, lui dis-je, je
ne vais pas t’apprendre l’harmonie. Fais ton harmonie toi-même et tu
comprendras, et, surtout, tu es fait pour la musique concrète, comme des gens
sont faits pour le dessin à la plume pour la caricature.’’ Et il a fait des
choses très bien. Schaeffer était content parce qu’on a pu grâce à lui avoir
des débouchés. »
Bernard Parmegiani devant sa console. Photo : DR
Justement considéré comme l’un des pères de la musique
électroacoustique, Bernard Parmegiani était à l’origine ingénieur du son, et
mime. Il a grandi au milieu des livres d’enfants écrits par son père, de deux
pianos et des cours de solfège ânonnés par les élèves de son beau-père. Il travaille
le mime à l’école de Jacques Lecoq et Maximilien Decroux, et rencontre Marcel
Marceau. Tous trois le sensibilisent à la pratique du geste, à la plasticité des
espaces clos et ouverts. Parallèlement, il étudie les techniques du son (centre
d’études radiophoniques, cinéma, radio, télévision), avant d’entrer en 1959 au
Groupe de Recherches Musicales, où, sous la direction de Pierre Schaeffer, il
suit le stage de musique électroacoustique et travaille notamment avec Iannis
Xenakis, avant de l’intégrer en 1960. Il y restera jusqu’en 1992, année où il
fonde son propre studio, qu’il baptise Fabriquasons.
En 1962, Parmegiani réalise sa première pièce
personnelle, Violostries, qui fait bientôt l’objet d’une chorégraphie au
Théâtre Contemporain d’Amiens. Il se voit confier le secteur Musique-Image du
GRM, ce qui le conduit à côtoyer des cinéastes et à composer la musique de
courts et longs métrages (films de René Lapoujade, Peter Foldès, Piotr Kamler,
Vladimir Borowczyck, Pierre Kast, Jacques Baratier, Peter Kassovitz). Dans les
années 1970, il réalise trois vidéos musicales, L’œil écoute, L’écran
transparent, Jeux d’artifices. Ses rencontres artistiques le
conduisent à travailler avec des artistes d’obédiences très diverses, notamment
dans le domaine de l’improvisation et du jazz, avec des musiciens comme Jean-Louis
Chautemps, Michel Portal ou Bernard Vitet, ou le groupe pop’ music londonien
The Third Ear Band. Ce qui ne l’empêche pas de s’exprimer dans une centaine de
pièces acousmatiques ou mixtes (instruments et bande), et de signer des
génériques pour la télévision, la radio, et, en 1969, le célèbre Sonal
de l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle que les voyageurs du monde entier et
ceux qui les accompagnaient ont pu entendre pendant trente-quatre ans, de 1971
à 2005.
Parmi les quelques quatre-vingts œuvres qu’il a
composées tout au long de sa carrière, dont vingt-sept
musiques de films, quatorze ballets, douze musiques de scène, etc., citons
L’Instant mobile, Capture éphémère (1967-1968), L’Enfer
(1971), Pour en finir avec le pouvoir d’Orphée (1972), De Natura
sonorum (1975), L’Echo du miroir (1980), La Création du monde
(1984), Exercisme 1, 2 et 3 (1985-1986), Le Présent
composé (1991), Entre temps (1992), Sonare (1997) et Espèce d’espace (2004). Mais son œuvre la
plus connue restera le jingle qu’il a confectionné pour l’aéroport de Paris
Charles-de-Gaulle Sonal.
Bruno Serrou
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