Maurice Yvain (1891-1965), Yes!. Photo : DR
Comme chaque année à la même
époque, la compagnie Les Brigands investit le Théâtre de l’Athénée pour un
spectacle musical des plus fous. Cette fois c’est avec Yes! de Maurice Yvain, avec la complicité avec le Palazzetto Bru
Zane.
Avec le Palazzetto Bru Zane, qui
s’est donné voilà dix ans pour mission de faire revivre le répertoire lyrique
du XIXe siècle et du début du XXe longtemps négligé, la
Compagnie Les Brigand reprend avec Yes!
de Maurice Yvain (1891-1965) l’une des premières opérettes jazz de l’histoire dans
une mise en scène mouvementée de Viadislav Galard et Bogdan Hatisi créée en
novembre Théâtre Montpensier à Versailles.
Maurice Yvain, fils d’un trompettiste
et d’une modiste, s’est imposé avec des chansons interprétées entre autres par
Mistinguett. En 1922, il s’est lancé dans l’opérette avec Ta bouche. Cinq ans plus
tard, il compose en un mois Yes! avec
la complicité d’Albert Willemetz. La création est donnée le 26 janvier 1928
Théâtre des Capucines.
Entre opérette et comédie
musicale, Yes ! reflète les
Années folles, avec ce mariage arrangé qui devient mariage d’amour. Les
Brigands situent l’action dans les années de la création de l’œuvre, dans le
XVIe arrondissement de Paris. Maxime (Célian d’Auvigny), fils du roi
du vermicelle René Gavard (Eric Boucher), se doit d’épouser Marquita Negri
(Emmanuelle Goizé), riche héritière de Valparaiso. Ne voulant pas renoncer à sa
vie de débauche parisienne, et pour ne pas renoncer à son aventure avec Mme de
Saint-Aiglefin (Anne-Emmanuelle Davy), Maxime propose à la manucure de son
père, Totte (Clarisse Dalles), de fuir en Angleterre pour l’épouser. Mais l’amour
finit par s’inviter, faisant fi des intentions. La galerie de portraits
est enjouée, avec Clémentine (Caroline Binder) fille de cuisine finissant
chroniqueuse mondaine, Roger (Flannan Obé) coiffeur devenu chanteur, César (Mathieu
Dubroca) valet de chambre qui souhaite devenir député communiste du XVIe…
Les foxtrots d’Yvain au swing entraînant avivent cette satire sociale frivole
et féroce, affermis par la formation réduite à un trio de deux
pianos/percussions et contrebasse qui permettent l’interaction entre chanteurs
et instrumentistes.
Mais le livret lourdement tronqué
amoindrit la fluidité et la clarté du propos, et les décors, quoique réduits à
leur simple expression, n’en permettent pas moins de situer l’action dans son
contexte et de servir l’engagement des neuf chanteurs et des trois musiciens
qui réussissent à insuffler au spectacle l’énergie adéquate. Mais l’on eut
apprécié plus de trouvailles réjouissantes dans la continuité de ce bar qui
dissimule un vibraphone ou de ce percussionniste jouant d’un service à thé en
guise de batterie. Il n’empêche que ce spectacle qui aurait pu être plus fou, à
l’instar de Au temps des Croisades de
Jean Terrasse en 2015, mérite largement le détour.
Bruno Serrou
1) Théâtre de l’Athénée
19/12-16/01. Rés. : www.athenee-theatre.com.
Tournée en France et en Belgique jusqu’au 31/03/2020
Article paru dans le quotidien La Croix du mardi 17 décembre 2019
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