Paris. Philharmonie. Salle Pierre Boulez. Jeudi 5 septembre 2019
Photo : (c) Bruno Serrou
De transition pour l’Orchestre de
Paris, la saison 2019-2020 s’est ouverte mercredi et jeudi à la Philharmonie sur
un programme fourre-tout à même de permettre de juger des qualités d’un impétrant
susceptible de remplacer un directeur musical démissionnaire.
Photo : (c) Bruno Serrou
Le premier chef d’orchestre à se
présenter aura été la jeune chef étatsunienne Karina Canellakis. Son nom seul
aura attiré la foule des grands jours. Etait-ce le fait qu’elle soit femme ?
Question sans doute saugrenue… Restons-en donc à sa qualité de chef d’orchestre
déjà à la tête d’une belle carrière, malgré son jeune âge. Née à New York en
1981, violoniste de formation, fille d’un chef d’orchestre et d’une pianiste, elle
est diplômée du Curtis Institute (violon) et de la Juilliard School pour la direction
d’orchestre qu’elle a également travaillée avec Allan Gilbert et Simon Rattle.
Elle a fait ses débuts en Europe en 2015 en dirigeant l’Orchestre de Chambre d’Europe
à Graz. Lauréate de la Fondation Georg Solti en 2016, elle est nommée chef assistante
à Dallas. En 2018, elle est choisie par le Comité Nobel pour diriger le concert
de gala du Prix Nobel. Cette même année 2018, elle est nommée chef principal de
l’Orchestre Philharmonique de la Radio Néerlandaise, poste qu’elle occupe
depuis ce mois de septembre 2019. Cette saison 2019-2020, elle fera ses débuts
avec l’Orchestre de Philadelphien les Orchestres Symphoniques de San Francisco
d’Atlanta et du Minnesota, l’Orchestre Symphonique de Londres, le
Philharmonique de Munich et l’Elbphilharmonie de Hambourg.
Photo : (c) Bruno Serrou
En France, Karina Canellakis a
fait ses débuts au Festival de Saint-Denis avec l’Orchestre Philharmonique de
Radio France, et elle doit retrouver l’Orchestre de Paris une seconde fois
cette saison.
Photo : (c) Bruno Serrou
Pour son premier concert de la
saison, elle s’est vue confier un programme foutras, de Wagner à Bartók, en
passant par Ravel. Geste précis, mouvement dans l’espace aérien, bras sûr, elle
s’est principalement imposée dans le Concerto pour orchestre de Béla Bartók, même
s’il a manqué d’expressivité. Les musiciens de l’Orchestre de Paris ont joué le
jeu avec un plaisir évident, chaque pupitre s’exposant volontiers à la
virtuosité et au brio. Plus contestables en revanche les Wagner, dirigés avec
une lenteur suffocante, à commencer par le Prélude de Lohengrin, sans charpente,
et surtout les Wesendonck-Lieder dans lesquels la mezzo-soprano allemande Derothea
Röschmann, dotée en outre d'un vibrato trio large, n’a pu assumer les longueurs de phrases imposées par Canellakis.
Lenteur n’est pas synonyme d’expressivité, bien au contraire, car elle annihile
toute dramaturgie, toute nuance expressive. La seconde suite de Daphnis et
Chloé a fait son effet dans les moments les plus brillants et sonores, mais est
apparu plus atone dans les passages plus intimistes.
Reste donc à confirmer, pour
Karina Canellakis, malgré un brillant Concerto pour orchestre de Bartók.
Bruno Serrou
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