Anner Bylsma (1934-2019). Photo : DR
Né à La Haye le 17 février 1934,
Anner Bylsma est l’un des pionniers de la musique baroque et l’un des plus
grands interprètes de Jean-Sébastien Bach. Avec le claveciniste et organiste
Gustav Leonhardt, mort en 2012, et le flûtiste à bec Frans Brüggen, disparu en
2014, il a été l’un des fondateurs de l’école hollandaise du retour au jeu sur
instruments anciens.
Insatiable explorateur du répertoire baroque, Anner Bylsma (de son vrai nom Anne Bijsma), s’initie au violoncelle auprès de son père, avant d’entrer au conservatoire de sa ville
natale, où il est l’élève de Carel van Leeuwen Boomkamp, et d’où il sort avec
un Prix d’excellence. Violoncelle solo de l’orchestre de l’Opéra royal des
Pays-Bas, il remporte à 25 ans le Premier prix du Concours Pablo Casals
qui lance sa carrière. De 1962 à 1968, il est Premier violoncelle solo de l’Orchestre
royal du Concertgebouw d’Amsterdam.
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Dans ces mêmes années soixante, il se tourne vers la musique des XVIIe et XVIIIe
siècles, accordant une grande importance à l’interprétation sur instruments d’époque.
Cette quête de l’authenticité le conduit à rencontrer Gustav Leonhardt et Frans
Brüggen, qui le convainc de se tourner vers le jeu du violoncelle baroque. Il s'appuie sur le réseau des deux musiciens déjà réputés et qui s'étaient entourés d'instrumentistes partageant les mêmes
préoccupations esthétiques. Commencée en 1968, leur longue et intense collaboration
suscite une importante discographie.
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C’est cependant avec Jean-Sébastien
Bach qu’Anner Bylsma va s’illustrer. Ses deux enregistrements des six Suites pour violoncelle seul, en 1979 et
1992, s’imposent en tête de la riche discographie de ces immenses chefs-d’œuvre,
à l’instar des Concertos brandebourgeois
par Gustav Leonhardt et Frans Brüggen. Si le jeu de Bylsma a une portée
historique, c’est aussi par le biais de son instrument, un Stradivarius de
1701. Joué par le Belge François Servais (1807-1866) - d’où son nom -, ce
violoncelle a pour particularité d’être plus grand de quelques centimètres que
la norme, et c’est avec lui qu’il enregistre en 1992 sa seconde version des Suites de Bach (en fait, il a enregistré
au moins six fois chacune des six Suites).
Avec sa seconde épouse, la
violoniste Vera Beths, et l’altiste Jürgen Kussmaul, il fonde l’ensemble L’Archibudelli,
avec lequel et en compagnie de divers musiciens invités, il interprète et enregistre
la musique pour instruments à cordes historiques.
Véritable bête de scène au cœur énorme,
il disait être « le haut-parleur tripal de la musique ». Si son nom
reste principalement attaché à la musique de Bach, Boccherini ou Schubert, il n’en
a pas moins été un grand interprète de la musique de notre temps, notamment de
Bernd Aloïs Zimmermann et de son compatriote Matthijs Vermeulen.
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Ultra-perfectionniste, il n’avait de
cesse de travailler et retravailler les œuvres dont il connaissait pourtant les
moindres arcanes. Jusqu’à ce jour de 1988, où, victime d’un grave accident de
la route, il subit de graves fractures et un « coup du lapin » qui
provoque une commotion cérébrale, « cadeau de son violoncelle » qui le
blesse sérieusement à la tête. Deux mois plus tard, pourtant, il est de nouveau
sur scène pour jouer le Quatuor pour la
fin du temps d’Olivier Messiaen. Néanmoins, sa santé décline lentement, et
il ne peut plus jouer du violoncelle depuis 2006, sa dernière prestation ayant eu lieu à la Biennale de violoncelle d’Amsterdam. Pédagogue réputé, il a continué
à donner des master classes jusqu’à la fin de sa vie. Il a également été
conférencier dans les Conservatoires de La Haye et d’Amsterdam, ainsi qu’à
Berlin et à New York.
Anner Bylsma laisse plus de deux
cents disques et trois livres consacrés à la pratique et au jeu du violoncelle.
« Vous ne pouvez pas apprendre Beethoven, disait-il, il vous faut juste
avoir de la chance. Un jour ça marche, un autre jour ça ne marche pas. »
Bruno Serrou
https://youtu.be/gwtP6zMZmQw
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