Photo : (c) Bruno Serrou
Tout en préparant activement sa quarantième édition en 2020, le festival de La Roque d’Anthéron est toujours plus festif, enchaînant en tous lieux des Bouches-du-Rhône concerts et récitals de piano et de clavecin
Photo : (c) Bruno Serrou
Rien moins que quatre vingt sept concerts sont
proposés les cinq semaines de festivals, du récital de piano aux concerts avec
orchestre, en passant par le clavecin et le jazz, et il convient d’y ajouter 4
spectacles de jeunes ensembles en résidence. Une densité d’artistes du monde
entier, pour un public international toujours aussi prolifique et avisé, mais
aussi des profanes attirés par le prestige de la manifestation.
Pierre Hantaï. Photo : (c) Bruno Serrou
Comme toujours, La Roque d’Anthéron
invite jeunes découvertes et maîtres incontestés du clavier. Ainsi, en cees
premiers jours de festival, deux grands noms du clavecin ont fait les belles
fins d’après-midi du cloître de l’abbaye de Silvacane.
Pierre Hantaï et Skip Sempé. Hantaï(2) est vraiment incroyable, cherchant à sortir du carcan du concert moderne, en instaurant plus qu’une proximité avec le public, une véritable communion, présentant chaque œuvre avant de la jouer, avec finesse, humour et sans ostentation. Il le fait en effet avec une grande spontanéité, situant chaque morceau dans son contexte historique et au sein de la création. « Je ne supporte plus les concerts engoncés, froids. A l’époque baroque, les musiciens parlaient à leur auditoire avant de jouer. » Il ajoute que les reconstitutions ne sont pas forcément justes, qu’il s’agit en fait d’une vision d’aujourd’hui de ce qui pouvait se passer voilà trois ou quatre siècles, que les clavecins reconstitués ne sonnent pas comme leurs modèles. Ses programmes de salle sont d’ordre informatif, mais il ne les suit pas à la lettre, se réservant même le droit de le changer au dernier moment. Ce qui explique aussi ses interventions. Si d’aucuns peuvent considérer ses concerts comme chaotiques, il n’en demeure pas moins qu’il est toujours passionnant, un véritable poète du clavier jouant contre toute attente d’un nuancier incroyable, digne d’un pianiste et qu’il a exalté dans un programme monographique consacré à Jean-Sébastien Bach.
Abbaye de Silvacane. Photo : (c) Bruno Serrou
Pierre Hantaï et Skip Sempé. Hantaï(2) est vraiment incroyable, cherchant à sortir du carcan du concert moderne, en instaurant plus qu’une proximité avec le public, une véritable communion, présentant chaque œuvre avant de la jouer, avec finesse, humour et sans ostentation. Il le fait en effet avec une grande spontanéité, situant chaque morceau dans son contexte historique et au sein de la création. « Je ne supporte plus les concerts engoncés, froids. A l’époque baroque, les musiciens parlaient à leur auditoire avant de jouer. » Il ajoute que les reconstitutions ne sont pas forcément justes, qu’il s’agit en fait d’une vision d’aujourd’hui de ce qui pouvait se passer voilà trois ou quatre siècles, que les clavecins reconstitués ne sonnent pas comme leurs modèles. Ses programmes de salle sont d’ordre informatif, mais il ne les suit pas à la lettre, se réservant même le droit de le changer au dernier moment. Ce qui explique aussi ses interventions. Si d’aucuns peuvent considérer ses concerts comme chaotiques, il n’en demeure pas moins qu’il est toujours passionnant, un véritable poète du clavier jouant contre toute attente d’un nuancier incroyable, digne d’un pianiste et qu’il a exalté dans un programme monographique consacré à Jean-Sébastien Bach.
Skip Sempé. Photo : (c) Christophe Grémiot
A contrario, Skip Sempé est plus traditionnel, strict,
respectueux de la lettre du texte, jouant plus strictement un clavier plus
monochrome, malgré le beau rendu sonore d'un deuxième clavecin du même facteur que celui d'Hantaï, Philippe Humeau.
Béatrice Rana. Photo : (c) Christophe Gremiot
Côté piano, c’est une jeune
musicienne italienne qui a fait forte impression : Béatrice Rana. A vingt-six ans, elle possède une impressionnante maturité et s’impose par sa vraie
personnalité musicale(3). « C’est la troisième fois que je me produits à
La Roque d’Anthéron, mais c’est ma première soirée. C’est une grande émotion. D’autant
plus que c’est ici que j’ai fait mes débuts en France en 2012. René Martin aime
les jeunes pianistes, et il n’a pas peur de prospecter et de les proposer à son
public. » La jeune femme dirige son propre festival, dans les Pouilles au
sud de l’Italie, où elle se plaît à jouer de la musique de chambre avec ses
amis. Son programme, Chopin-Ravel-Stravinski, réunissait à la fois des œuvres de
jeunesse et des histoires dramatiques, même les Etudes de Frédéric Chopin, aux côtés des Miroirs
de Maurice Ravel et de Petrouchka d'Igor Stravinski. Le toucher aérien, le jeu sans fioriture, la technique imparable de
Rana donnent une touche expressionniste à chacune des œuvres.
L’on a pu mesurer
cette impression à l’aune du magicien du son qu’est Bertrand Chamayou, dont Miroirs de Ravel ont atteint une
puissance évocatrice, une tension, une richesse sonore inouïe, après des Robert Schumann, Blumenstück op. 19 et
surtout un Carnaval Op. 9 épique,
dramatique, magnifié par une palette sonore éblouissante, et avant des pages rares et virtuoses de Camille Saint-Saëns.
Bruno Serrou
1) Jusqu’au 18/08. Rés./Infos : 04.86.91.55.03. www.festival-piano.com. 2) Hantaï
vient de publier chez Mirare des sonates de Scarlartti. 3) le même récital
Ravel-Stravinski est à paraitre chez Warner en septembre
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