Gérard Pesson (né en 1958), Trois contes. Photo : (c) Simon Gosselin
Gérard Pesson, l’un des compositeurs les plus
raffinés de la riche génération de 1958, présente son cinquième opéra, Trois contes. Fidèle à sa volonté
d’enrichir le répertoire lyrique avec une commande chaque année depuis quinze
ans, l’Opéra de Lille a confié ces trois actes enchaînés à deux personnalités
avec lesquelles il travaille régulièrement, le compositeur Gérard Pesson et
l’auteur metteur en scène David Lescot, qui collaborent pour la première fois
ensemble.
Gérard Pesson (né en 1958), Trois contes, La princesse au petit pois. Photo : (c) Simon Gosselin
Toujours délicate, élégante, emplie de
bruissements, d’alliages de timbres d’une exaltante beauté,allant peu au-delà du pianissimo, la délicatesse du jeu instrumental...
Gérard Pesson (né en 1958), Trois contes, Le manteau de Proust. Photo : (c) Simon Gosselin
Cet art de l’esquive, de l’allusif, du
raffinement extrême s’avère des plus ludiques. Que de joies sonores en effet dans
cette musique, de private jokes,
d’allusions et d’illusions. Dans Trois
contes, Pesson se fait plus explosif, plus expressif et plus puissant que
de coutume. Sur un livret de David Lescot, le compositeur a porté son dévolu
sur un conte de Hans Christian Andersen, La
Princesse au petit pois, qui narre la même histoire d’un prince qui cherche
une « vraie » princesse en six variations autour d’un même sujet, Le manteau de Proust de Lorenza Foschini
qui traite de la disparition des effets personnels de Marcel Proust après sa
mort et dont le manteau tombe dans les mains d’un collectionneur passionné de
l’écrivain. Enfin, Le Diable dans le
beffroi d’Edgar Alan Poe, volet le plus désopilant du triptyque, à l’instar
du troisième volet du Trittico de
Giacomo Puccini, Gianni Schicchi, à
l’humour corrosif, avec ces citoyens dont la vie est réglée sur le rythme de
l’horloge du beffroi que le diable vient perturber.
Gérard Pesson (né en 1958), Trois contes, Le Diable dans le beffroi. Photo : (c) Simon Gosselin
La musique de Gérard Pesson aux élans
humoristiques n’hésite pas à user de nombreuses citations d’œuvres du passé
sans qu’elles apparaissent comme des collages, l’orchestration est finement
colorée et fluide, la musique expressive. Si le volet central du triptyque paraît
plus faible que les deux autres, à aucun moment l’on s’ennuie, bien au contraire,
et le public se réjouit spontanément. La mise en scène au cordeau de David
Lescot donne à ces Trois contes une puissance
théâtrale digne de la commedia dell’arte,
magnifiée par les beaux costumes de Mariane Delayre et les décors simples mais
évocateurs d’Alwyne de Dardel subtilement éclairés par Paul Beaureilles. La jeune
distribution est en tout point remarquable, les mêmes chanteurs tenant
plusieurs rôles, avec entre autres la mezzo-soprano Camille Merckx, le baryton Marc
Mauillon, le ténor Enguerrand de Hys, la soprano Maïlys de Villoutreys et la
soprano Melody Louledjian, tandis que le remarquable Ensemble Ictus dirigé par
Georges-Elie Octors sonne comme autant de personnages vivants qu’il y a
d’instrumentistes (dix-neuf) dans la fosse.
Bruno Serrou
Jusqu’au 14 mars 2019. 03.62.21.21.21. www.opera-lille.fr.
Disponible en direct le 14 mars 2019 sur
https://operavision.eu/fr/bibliotheque/spectacles/operas/trois-contes# pendant six mois. Cette production sera reprise en 2020-2021 par l’Opéra de Rouen, l’Opéra de Rennes et Angers-Nantes Opéra.
https://operavision.eu/fr/bibliotheque/spectacles/operas/trois-contes# pendant six mois. Cette production sera reprise en 2020-2021 par l’Opéra de Rouen, l’Opéra de Rennes et Angers-Nantes Opéra.
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