Gaëtan Puaud, fondateur du Festival Messiaen au Pays de La Meije et son directeur artistique de 1998 à 2018. Photo : DR
Vingt ans de Festival Messiaen au Pays de La Meije à La Grave non loin du col
du Lautaret, et son fondateur Gaëtan Puaud saisit cette occasion pour tirer sa
révérence.
La Meije, juillet 2017. Photo : (c) Bruno Serrou
Créé sans l’aide de quiconque, ce
festival né de la volonté d’un seul homme est devenu en deux décennies LE
rendez-vous estival de la musique contemporaine.
La Grave, le téléphérique de La Meije en 2015. Photo : (c) Bruno Serrou
Né en 1948 à Nantes dans une modeste
famille catholique de mélomanes, ayant « tâté » du piano dans son
enfance et poussé par une curiosité forgée aux Jeunesses Musicales de France,
Gaëtan Puaud est un être déterminé mais prudent. Bien qu’étudiant en droit et économie,
sa passion est la musique d’Olivier Messiaen. L’idée de festival lui vient
fortuitement. Les soins d’un enfant asthmatique le conduisent en 1984 dans les
Alpes. Se souvenant que Messiaen a séjourné à La Grave, il s’y rend en famille…
« En 1987, Messiaen vient à Nantes et j’ai le toupet d’aller vers lui. Je
me présente et lui dis : ’’Voilà, Maître, je vais à La Grave parce que je
sais que vous y allez et que vous souhaitez y voir interprété Et Expecto, ce que j’aimerais faire.’’ Messiaen
me répond, ’’Vous pensez cela possible ? Il y a eu plusieurs tentatives,
aucune n’a réussi…’’ - ‘’Je pense y arriver’’… Et nous ne nous sommes jamais
revus. »
Le village de La Grave. En bas à gauche, le téléphérique de La Meije. Photo : (c) Bruno Serrou
Quatre ans après la mort d'Olivier Messiaen
en 1992, Gaétan Puaud écrit à sa veuve, la pianiste Yvonne Loriod, pour lui demander son appui. « Je
me dis que je ne peux créer un festival dans un village où le souvenir de
Messiaen n’existe pas, puisqu’il séjournait à l’hôtel. » Puaud organise donc
une écoute commentée d’œuvres de Messiaen inspirées par La Meije.
Olivier Messiaen (1908-1992) au piano dans sa maison de Petichet avec vue sur le lac. Photo : (c) Archives Olivier Messiaen
Les cinquante personnes présentes se fédèrent en association. Le maire de l’époque, qui n’a
aucune idée du compositeur, a le flair de soutenir l’initiative. Puaud obtient
l’aide de l’agent de Messiaen, de la DRAC de la région PACA et de la Direction
de la Musique, La Grave étant hors champ culturel. La première édition se tient
en 1998 sur deux jours et quatre concerts. Vingt ans plus tard, ce sont vingt concerts en dix jours. « On m’a dit que je ne tiendrais pas deux ans, que j’épuiserais vite
le thème… » En 2000, c’est le premier récital d’Yvonne Loriod, en 2001 le premier
concert d’orchestre, en 2002 Et Expecto,
en 2012 le partenariat avec la classe de création du Conservatoire de Paris...
L'église Notre-Dame-de-l'Assomption de La Grave, principal centre d'activité du Festival Messiaen au Pays de La Grave depuis sa fondation en 1998. Photo : (c) Bruno Serrou
Gaétan Puaud invite des élèves de
Messiaen, la première commande est passée en 2008. Plus de 30 créations
suivront. A la suite de la résidence de Pierre Boulez en 2010, ce sont George
Benjamin, François-Bernard Mâche, Tristan Murail. A la retraite en 2011, Puaud s’investit
dans la découverte de la création musicale dans des écoles du briançonnais. Au
printemps 2018, 600 enfants du CP au CM2 participent au concert final : Gérard Grisey, George Benjamin, Tristan Murail, Bruno Mantovani.
L'église Notre-Dame-de-l'Assomption de La Grave, principal centre d'activité du Festival Messiaen au Pays de La Grave depuis sa fondation en 1998. Photo : (c) Bruno Serrou
Ce dont Gaétan Puaud est le plus fier est
l’opéra Saint François d’Assise en
2016-2017, œuvre inaccessible pour un festival de cette taille, mais l’ouvrage
est donné à partir d’une réduction pour 2 pianos. Autre satisfaction, avoir
invité des jeunes compositeurs comme Benjamin Altair, Thomas Lacôte, Camille
Pépin.
Eglise Notre-Dame-de-l'Assomption de La Grave. Photo : DR
Gaétan Puaud vient de confier son enfant désormais majeur à Bruno Messina, directeur de la Maison Messiaen, résidence d'été que le compositeur avait acquise en 1936 à Petichet dans le département de l'Isère non loin de La Grave, village des Hautes-Alpes, mais dans deux régions distinctes, Auvergne-Rhône-Alpes pour le premier et Provence-Alpes-Côte-d'Azur pour le second. La Maison Maessian est désormais maison d'accueil pour artistes et chercheurs.
Bruno Serrou
D'après un article publié dans le quotidien La Croix du 25 juillet 2018
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