Le Théâtre élisabéthain de l'Entente cordiale. Photo : (c) Bruno Serrou
Condette (Pas-de-Calais). The Midsummer Festival. Château d’Hardelot, Théâtre élisabéthain de l’Entente cordiale. Samedi 16, dimanche 17 juin 2018
Rosemary Standley et le Bruno Helstroffer’s Band. Photo : (c) The Midsummer Festival
Créé voilà neuf ans à Condette, dans le parc du Château d’Hardelot dans une structure éphémère sous le signe de l’Entente cordiale franco-britannique, en référence à l’alliance entre les deux pays signée en 1904, The Midsummer Festival, ou Festival du Solstice d’Eté, est désormais programmé dans un cadre permanent, une salle de bois inaugurée en 2016 dans le plus pur style du théâtre élisabéthain de l’époque de William Shakespeare (1564-1616) dont le monde célébrait cette année-là le quatre centième anniversaire de sa mort. Implantée à proximité du l’excentrique château néo-Windsor d’Hardelot, elle est la seule française des dix-sept structures de ce genre en activité dans le monde ayant adopté cette architecture. La revue internationale The World Architecture News lui a décerné en mars dernier son prix de la meilleure structure en bois dans le monde, deux ans après son ouverture qui avait été précédée d’un saccage par des militants d’extrême droite. Doté par le département du Pas-de-Calais d’un budget artistique de 600.000€, le Théâtre élisabéthain de l’Entente cordiale programme tout au long de l’année spectacles de danse, pièces de théâtre, concerts classiques et tours de chant de variétés, attirant toutes sortes de publics et travaillant avec les établissements scolaires.
Sophie Junker (soprano) et Le Concert de la Loge. Photo : (c) The Midsummer Festival
Réparti sur trois niveaux à quelques mètres à peine du
plateau, les trois cent quatre vingt huit spectateurs communient littéralement
avec les artistes, dont les voix et les sons se propagent, se fondent et se
détachent clairement par l’intermédiaire du bois et de la verrière du plafond.
Constitué d’autochtones, de régionaux, de parisiens et de britanniques, le
public n’en perd pas une miette, et se plait à assister à la totalité des
concerts de musique baroque répartis sur trois week-ends de juin. Les artistes
s’enthousiasment eux-aussi des particularités d’un lieu comparable à nul autre.
Au point d’oublier très vite les aléas des voyages, comme l’ensemble constitué
de la chanteuse du groupe Moriarty, Rosemary Standley, et du Bruno
Helstroffer’s Band qui, en provenance de Vienne (Autriche), avaient égaré leurs
bagages contenant costumes et partitions. Aidés par l’équipe du festival et par
les habitants de Condette, soutenus par un auditoire plutôt jeune, concentré et
fervent, ils se sont juré de revenir dès qu’on les y invitera. Il faut dire que
la chanteuse folk franco-américaine, dialoguant avec le théorbe et la guitare
de Bruno Helstroffer, le clavecin et l’orgue d’Elisabeth Geiger, et la viole de
gambe de Martin Bauer dans un spectacle titré Love I Obey alternant chansons Renaissance, baroques, romantiques
et folkloriques magnifiés par la voix chaude et onirique de Rosemary Standley,
qui, à travers des saynètes de la vie quotidienne raconte la grande histoire,
avait tout pour séduire. Le Concert de la Loge, qui n’a plus le droit
d’utiliser le terme « olympique », sous la menace d’un procès du CIO
alors même que le terme La Loge olympique est historiquement attaché à la
musique, après l’avoir été au monde des dieux grecs (est-il encore possible
parler de l’Olympe aujourd’hui sans verser de redevances au CIO ?),
et ses onze musiciens dirigés du violon par Julien Chauvin ont interprété un
programme Vivaldi-Haendel intitulé Delirio
Amoroso, avec l’excellente soprano belge Sophie Junker et un incroyable
flûtiste à bec, Sébastien Marq, à la technique et à la musicalité phénoménales.
Bruno Serrou
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