Olga Neuwirth, aux côtés de sa
consœur finlandaise Kaija Saariaho, est la compositrice la plus en vue de la
création musicale contemporaine. La créatrice autrichienne est l’un des
compositeurs les plus inventifs, téméraires et anticonformistes de notre temps.
A 52 ans, Olga Neuwirth est une compositrice des plus engagées dans son temps, portant un regard acéré et singulièrement vigilent sur le monde et son actualité, ainsi que sur tous les modes d’expression artistique, cinéma, littérature (elle est proche de la prix Nobel Elfriede Jelinek avec qui elle a signé plusieurs œuvres scéniques), théâtre, danse… Disciple de Tristan Murail, soutenue par Pierre Boulez, elle a toujours été attirée par la culture française dans sa diversité, autant sur le plan musical, entretenant des relations privilégiées avec l’Ircam, l’Ensemble Intercontemporain, le Festival d’Automne, que sur les plans littéraire (Georges Pérec, Raymond Roussel) et cinématographique (sa thèse de doctorat était consacrée à la musique des films d’Alain Resnais). « Je pourrais mentionner nombre d’artistes français. J’ai toujours été intriguée et inspirée par l’immensité et par la diversité de l’art et de la culture, qu’ils soient jugés nobles ou populaires, rugueux ou avenants. »
Née à Graz en 1968, Olga Neuwirth
est une écorchée vive, toujours inquiète, bouillonnante, enthousiaste,
déterminée. Pour elle, la crise de la Covid-19 a été une période difficile, assistant
à de nombreuses annulations tandis que ses œuvres étaient programmées dans de
nombreux pays. « Je n’ai pas pu me concentrer pendant toute la durée du
confinement, mais j’ai beaucoup jardiné, et cuisiné au point d’avoir
l’impression d’être Rossini à la fin de sa vie (rires) : au lieu de
composer, j’ai cuisiné. » Olga Neuwirth a passé cette période dans la
campagne autrichienne non loin de Graz, sa ville natale, où elle a terminé la
commande d’une œuvre pour contre-ténor et orchestre, tandis que l’épidémie l’a
empêchée de se rendre à New York où l’une de ses œuvres était initialement
programmée, ainsi qu’une longue tournée aux Etats-Unis. « Après la
création de mon opéra Orlando d’après
Virginia Woolf à l’Opéra de Vienne en décembre 2019 et la composition de ma
nouvelle pièce d’orchestre, mon activité a été réduite à zéro. N’étant ni
interprète ni professeur, je ne vis qu’avec ma musique, et les temps sont durs
pour moi. » En ces temps particulièrement difficiles, elle craint pour l’avenir
de la création musicale et sa diffusion auprès du public : « Je ne
suis pas un messie pour savoir ce qui va se passer, je peux seulement dire que
la création musicale est encore plus remise en question en ces temps critiques sur
les plans économiques et socio-politiques. Orchestres, opéras et grands
festivals sont des institutions coûteuses et l’on constate, après leur lente réouverture
que peu proposent des œuvres nouvelles. Les directeurs espèrent qu’avec la
tradition, ils pourront récupérer un peu d’argent. Mais c’est un signe d’exclusion
d’un public d’esprit plus ouvert. Mais les petites institutions, elles, se
battent vaillamment pour obtenir des financements pour notre musique. Si quelque
chose peut se maintenir, ce sera avec de petites pièces jouées avec des
effectifs réduits. »
Cet automne, la musique d’Olga
Neuwirth s’invite à Paris dans quatre soirées, dont trois dans le cadre du
Festival d’Automne. Après une première œuvre donnée par l’Intercontemporain (Hommage à Klaus Nomi) le 16 septembre, deux autres pièces sont programmées par le
Festival d’Automne (1) par les Orchestres Les Siècles et Philharmonique de
Radio France.
Bruno Serrou
1) 26-27/09 Théâtre de Chaillot (Clinamen/Nodus), 20/11 Maison de la
Radio (Masaot, Clocks Without Hands),
www.festival-automne.com
01.53.45.17.17
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