vendredi 22 décembre 2017

Genève en fête avec le Baron tzigane de Johann Strauss jr

Genève (Suisse). Opéra des Nations. Vendredi 15 décembre 2017

Johann Strauss Jr (1825-1899), le Baron tzigane. Photo : (c) Grand Théâtre de Genève / Carole Parodi

En cette fin d’année, le Grand Théâtre de Genève cède à la tradition de l’opéra-comique viennois. Son choix s’est porté sur le Baron tzigane de Johann Strauss Jr., transformé en partie de jeu de l’oie.

Johann Strauss Jr (1825-1899), le Baron tzigane. Photo : (c) Grand Théâtre de Genève / Carole Parodi

Peu programmée sur les scènes lyriques francophones, le Baron tzigane de Johann Strauss Jr., créé en 1885, fut en son temps le plus grand triomphe de l’auteur de la Chauve-Souris, son œuvre scénique la plus jouée aujourd’hui. Y sont associées pour la première fois au théâtre lyrique les musiques de l’empire austro-hongrois, la czardas budapestoise, et la sentimentalité viennoise. L’intrigue conte les tribulations d’un héritier revenant d’exil, Sandor Barinkay, qui, dans un contexte de chasse au trésor, doit choisir pour épouse Arsena, fille de l’éleveur de porcs Zsupan, ou Saffi, fille de la bohémienne Czipra. Donnée en français dans une adaptation d’Agathe Mélinand, la production genevoise revient au metteur en scène allemand Christian Räth, proche collaborateur de Laurent Pelly. L’on reconnaît d’ailleurs la griffe du Français, notamment la scénographie onirique et inclinée en forme de tapis de jeu de l’oie de Leslie Travers truffée de trappes et crevasses propres à diversifier les espaces scéniques, ainsi que ses costumes excentriques et la chorégraphie de Philippe Giraudeau.

Johann Strauss Jr (1825-1899), le Baron tzigane. Photo : (c) Grand Théâtre de Genève / Carole Parodi

La direction d’acteur réglée au cordeau de Pelly est cependant absente, le spectacle manquant de cohésion, de rigueur, les protagonistes semblant parfois flotter. Mais cette impression disparaîtra sans doute au cours des représentations. Les bohémiens de Räth sont des bikers affrontant des porchers au comportement ridicule savamment vêtus de rose. S’échauffant peu à peu, Jean-Pierre Furlan campe un Barinkay convainquant et si le médium paraît peu assuré, l’aigu rayonne. Dans le rôle de Zsupan l’éleveur de porcs, Christophoros Stamboglis a la voix large mais il est fâché avec la métrique, puis, sujet à un malaise non annoncé au public, il apparaît diminué dans la seconde partie du spectacle. Sa femme Mirabella est confiée à Jeannette Fischer, qui, à défaut de puissance, saisit par sa présence et sa souplesse. Timbre pur et vibrato maîtrisé, Melody Louledjian est une Arsena d’un engagement théâtral total. Son amant Ottokar est bien campé par un Loïc Félix à la voix étincelante et à la diction irréprochable, ce qui n’est pas le cas de tous. Daniel Djambazian est un Carnero trop caricatural. Côté bohémiens, Eleonore Marguerre est une délicieuse Saffi. Malgré de brillants aigus, Marie-Ange Todorovitch est une Czipra victime d’un vibrato prononcé. L’Orchestre de la Suisse romande, aux sonorités épanouies, prend plaisir à jouer cette musique d’une grande variété, sous la direction généreuse de Stefan Blunier qui tend à couvrir le plateau.


Bruno Serrou

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