Genève (Suisse). Opéra des Nations. Vendredi 15 décembre 2017
Johann Strauss Jr (1825-1899), le Baron tzigane. Photo : (c) Grand Théâtre de Genève / Carole Parodi
En cette fin d’année, le Grand Théâtre de Genève cède à la tradition de
l’opéra-comique viennois. Son choix s’est porté sur le Baron tzigane de Johann Strauss Jr., transformé en partie
de jeu de l’oie.
Johann Strauss Jr (1825-1899), le Baron tzigane. Photo : (c) Grand Théâtre de Genève / Carole Parodi
Peu programmée sur les scènes lyriques
francophones, le Baron tzigane de
Johann Strauss Jr., créé en 1885, fut en son temps le plus grand triomphe de l’auteur
de la Chauve-Souris, son œuvre scénique
la plus jouée aujourd’hui. Y sont associées pour la première fois au théâtre
lyrique les musiques de l’empire austro-hongrois, la czardas budapestoise, et
la sentimentalité viennoise. L’intrigue conte les tribulations d’un héritier revenant
d’exil, Sandor Barinkay, qui, dans un contexte de chasse au trésor, doit
choisir pour épouse Arsena, fille de l’éleveur de porcs Zsupan, ou Saffi, fille
de la bohémienne Czipra. Donnée en français dans une adaptation d’Agathe
Mélinand, la production genevoise revient au metteur en scène allemand
Christian Räth, proche collaborateur de Laurent Pelly. L’on reconnaît d’ailleurs
la griffe du Français, notamment la scénographie onirique et inclinée en forme de
tapis de jeu de l’oie de Leslie Travers truffée de trappes et crevasses propres
à diversifier les espaces scéniques, ainsi que ses costumes excentriques et la
chorégraphie de Philippe Giraudeau.
Johann Strauss Jr (1825-1899), le Baron tzigane. Photo : (c) Grand Théâtre de Genève / Carole Parodi
La direction d’acteur réglée au
cordeau de Pelly est cependant absente, le spectacle manquant de cohésion, de rigueur,
les protagonistes semblant parfois flotter. Mais cette impression disparaîtra
sans doute au cours des représentations. Les bohémiens de Räth sont des bikers
affrontant des porchers au comportement ridicule savamment vêtus de rose. S’échauffant
peu à peu, Jean-Pierre Furlan campe un Barinkay convainquant et si le médium
paraît peu assuré, l’aigu rayonne. Dans le rôle de Zsupan l’éleveur de porcs, Christophoros
Stamboglis a la voix large mais il est fâché avec la métrique, puis, sujet à un
malaise non annoncé au public, il apparaît diminué dans la seconde partie du
spectacle. Sa femme Mirabella est confiée à Jeannette Fischer, qui, à défaut de
puissance, saisit par sa présence et sa souplesse. Timbre pur et vibrato
maîtrisé, Melody Louledjian est une Arsena d’un engagement théâtral total. Son
amant Ottokar est bien campé par un Loïc Félix à la voix étincelante et à la
diction irréprochable, ce qui n’est pas le cas de tous. Daniel Djambazian est
un Carnero trop caricatural. Côté bohémiens, Eleonore Marguerre est une
délicieuse Saffi. Malgré de brillants aigus, Marie-Ange Todorovitch est une
Czipra victime d’un vibrato prononcé. L’Orchestre de la Suisse romande, aux
sonorités épanouies, prend plaisir à jouer cette musique d’une grande variété, sous
la direction généreuse de Stefan Blunier qui tend à couvrir le plateau.
Bruno Serrou
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire