Dijon (Côte d’Or), Opéra de Dijon. Jeudi 14 décembre 2017
Jacques Offenbach (1819-1880), les Contes d'Hoffmann. Photo : (c) Gilles Abegg / Opéra de Dijon
Depuis un certain nombre d’années,
l’Opéra de Dijon se plaît à jouer avec les œuvres. Après un Ring de Wagner
tronqué et traficoté, c’est au tour des Contes d’Hoffmann d’Offenbach.
Jacques Offenbach (1819-1880), les Contes d'Hoffmann. Photo : (c) Gilles Abegg / Opéra de Dijon
Dès sa création posthume en 1881,
les Contes d’Hoffmann de Jacques
Offenbach ont fait l’objet de coupures, d’ajouts, d’arrangements en tous
genres. Le livret du seul opéra et œuvre ultime du « Mozart des
Champs-Elysées » signé Jules Barbier puise pour l’essentiel dans trois des
contes du compositeur écrivain allemand E.T.A. Hoffmann.
Jacques Offenbach (1819-1880), les Contes d'Hoffmann. Photo : (c) Gilles Abegg / Opéra de Dijon
Cette fois c’est une refonte quasi
générale de cet ouvrage d’Offenbach que l’Opéra de Dijon présente en cette fin
d’année dans l’accueillant Grand Théâtre de Jacques Cellerier et Simon Vallot.
Certes, les grands airs qui font la réputation de l’œuvre sont présents, mais
fondus dans une double adaptation musicale par Fabien Touchard, pour les
arrangements, et Peter von Poehl, pour les ajouts et la sonorisation pop’,
ainsi que littéraire par Mikaël Serre pour de nombreux dialogues parlés, également
metteur en scène. Transformé en un spectacle de deux heures en continu, ces Contes d’Hoffmann sont sous-titrés
« laissez-moi hurler et gémir et ramper comme une bête », citation
tirée de Friedrich Nietzsche à qui le texte emprunte ainsi qu’à Ingmar Bergman,
Werner Schroeter et Michel Houellebecq.
Jacques Offenbach (1819-1880), les Contes d'Hoffmann. Photo : (c) Gilles Abegg / Opéra de Dijon
De ce qui pourrait passer pour un
salmigondis fait sur le dos d’un chef-d’œuvre au prétexte qu’il est inachevé,
reste l’intrigue originelle et les actes de l’automate Olympia, d’Antonia à la
voix d’ange et la courtisane Giulietta, ainsi que l’épilogue de Stella. L’orchestre,
réduit à 11 instruments, dirigé avec élégance par Nicolas Chesneau, est
dissimulé en fond de plateau derrière un rideau sur lequel sont projetées entre
chaque acte des interviews des conquêtes d’Hoffmann. Au centre de la scène,
sept flippers dont les bruits forment un fond sonore, et un immense lit blanc circulaire
éclairé par une rosace de néon. Pour Mikael Serre, les Contes d’Hoffmann sont « le premier opéra rock de l’histoire »,
annonçant Tommy du Who ou Phantom of the Paradise de Brian de
Palma…
Du ce bric-à-brac ressort une
distribution sans faille dominée par un ex-membre de l’Atelier Lyrique de l’Opéra
de Paris, l’étincelant Kévin Amiel, Hoffmann résolu et humain. La soprano
franco-canadienne Samantha Louis-Jean cumule brillamment les quatre rôles
féminins (Olympia, Antonia, Giulietta, Stella). Damien Pass (Lindorf,
Coppelius, Dr Miracle, Dapertutto) et Marie Kalinine (Nicklausse, la muse, la
mère d’Antonia) leur donnent une réplique idoine, à l’instar des seconds rôles et
du chœur.
Bruno Serrou
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