vendredi 17 mars 2023

Trente ans d’Accentus célébrés avec de trop rares oratorios de Félix Mendelssohn-Bartholdy

Paris. Philharmonie. Salle Pierre Boulez. Jeudi 16 mars 2023

Laurence Equilbey, Florian Sempey, Hilary Summers, Insula Orchestra, choeur Accentus. Photo : (c) Bruno Serrou

C’est en 1991, et non pas en 1993 (sauf erreur de datation dans la documentation d'usage), que Laurence Equilbey a fondé l’ensemble vocal Accentus, chœur qu’elle oriente tout d’abord vers la création contemporaine et le répertoire a cappella. En 1996, Accentus travaille avec le maître de sa fondatrice, le chef suédois Eric Ericson, et obtient deux ans plus tard une résidence à l’Opéra de Rouen-Normandie. Il s’ouvre alors à l’oratorio et à l’opéra, de l'ère baroque à nos jours. Après la création mondiale de deux partitions de Pascal Dusapin, Granum sinapis en 1998 et Dona eis en 1999, et la première française Théâtre du Châtelet de l’opéra Outis de Luciano Berio en 1999, Accentus participe en 2000 à une tournée de l’Ensemble Intercontemporain dirigé par Pierre Boulez, notamment aux Etats-Unis…

Laurence Equilbey, Insula Orchestra. Photo : (c) Bruno Serrou

En 2017, Accentus ouvre le CEN, centre de ressources pour l’art choral qui met à disposition le fonds de l’ensemble constitué en quinze ans, partitions, enregistrements, traductions, recherches, publications, avant de créer le Centre national d’art vocal.

Hélène Carpentier, Hilary Summers, Stanislas de Barbeyrac, Florian Sempey, Insula Orchestra, choeur Accentus. Photo : (c) Bruno Serrou

C’est donc avec près de deux ans de décalage que l’ensemble vocal célèbre son trentenaire, sans doute en raison de la pandémie de Covid-19… Trente ans d’Accentus célébrés par sa fondatrice Laurence Equilbey avec son Insula Orchestra qu’elle a fondé voilà onze ans, association qui a permis d’entendre des œuvres pour chœur et orchestre de Félix Mendelssohn-Bartholdy rrop rarement jouées.

Hélène Carpentier, Hilary Summers, Laurence Equilbey, Stanislas de Barbeyrac, Florient Sempey, Insula Orchestra, choeur Accentus. Photo : (c) Bruno Serrou

La musique religieuse chez Mendelssohn occupe une place conséquante, dont la part la plus célèbre est constituée des oratorios Paulus et surtout Elias. Mais ce chef de chœur d’église à Düsseldorf et organiste de la cathédrale de Berlin qu'est Mendelssohn-Bartholdy, était surtout redevable à Jean-Sébastien Bach, puissante figure tutélaire, au point que comme son aîné et plus tard son cadet Anton Bruckner, il dédiera un certain nombre de ses œuvres au Créateur. Laurence Equilbey a sélectionné trois pièces sacrées couvrant la période 1831-1847, commençant son parcours par la Cantate « Vom Himmel hoch » qui suit précisément le modèle du cantor de Leipzig, jusqu'à sa structure même, pour conclure sur des pages de l’oratorio Christus op. post. 97 sur lequel le compositeur travaillait au moment de sa mort en 1847, dont les deux extraits ont été ponctués par un autre extrait, bien trop court hélas, tiré des Fragmenta Passionis (Fragments de la Passion) que Wolfgang Rihm (né en 1952) a composés en 1968. Ce qui aura permis à la cheffe d’orchestre de rappeler que ses ensembles ont quelque intérêt pour la musique de notre temps, tandis que plusieurs passages a capella ont mis en valeur le seul Accentus, qui pour l’occasion aura compté trente-six membres. Mais le point fort de la soirée a été la cantate profane Die erste Walpurgisnacht (La première Nuit de Walpurgis) op. 60, cantate aux forts accents romantiques composée en deux phases, en 1830-1931 et 1842-1843, œuvre puissante pour trois chanteurs solistes, chœur et à l’orchestration fournie et colorée.

Si la dernière partie réunissait mezzo-soprano, ténor et basse, le programme aura en plus permis à l'excellente soprano Hélène Carpentier l’occasion de briller, Laurence Equilbey lui offrant hors prpgramme l’occasion de s’illustrer une seconde fois dans le bis qu’elle a offert au public en remerciement de son enthousiasme. Ce quatuor vocal quasi parfait a été dominé par l’impressionnant ténor Stanislas de Barbeyrac et le vigoureux baryton Florian Sempey, tandis que la contralto Hilary Summers, au timbre soyeux, a manqué de puissance pour s’imposer à l'orchestre. Le chœur Accentus est comme toujours très homogène, mais l’orchestre s’est avéré blafard avec ses instruments et leur jeu « historiquement informés » (parmi les cuivres deux trompes en lieu et place de trompettes), la direction, trop raide, tendant à réfréner flamme et nuances.

Bruno Serrou

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