mercredi 22 mars 2023

Le RSO Wien terni par les blafardes couleurs suscitées par sa chef Marin Alsop et la pianiste Gabriela Montero

Paris. Philharmonie. Salle Pierre Boulez. Lundi 20 mars 2023 

Marin Alsop, RSO Wien. Photo : (c) Bruno Serrou

Rentré de la Philharmonie désappointé, après avoir fait le maximum pour écouter le RSO Radio-Symphonieorchester de Vienne, navire amiral des orchestres de radio autrichiens, puisqu’il émane de l’ORF, la radio-télévision publique autrichienne qui le place aujourd’hui dans la zone de danger puisque les pouvoirs publics autrichiens entendent le dissoudre depuis… 2008.

Marin Alsop, RSO Wien. Photo : (c) Bruno Serrou

Fondé en 1945 par les forces Alliées, en même temps que la radio publique autrichienne, sous le nom Östereichischer Rundfunkorchester, il a pris son intitulé actuel en 2009, après être passé par une demi-douzaine d’appellations… Le rôle de cette phalange, qui est comparable à celui des deux orchestres de Radio France, est considérable. Ses concerts, donnés au Musikverein et au Konzerthaus de Vienne, sont en effet relayés par les radios européennes, et il est l’un des piliers du Festival de Salzbourg, des Wiener Festwochen et de Wien Modern où il donne quantité d’œuvres majeures négligées par la plupart des institutions symphoniques et lyriques internationales, comme les opéras de Frank Schrecker, Alexander Zemlinsky, Ernst Krenek, Franz Schmidt, Erich Wolfgang Korngold, Egon Wellesz, Gottfried von Einem, Bohuslav Martinu et quantité de créations contemporaines notamment de Luciano Berio, Péter Eötvös, Beat Furrer, Bruno Maderna, Hans Werner Henze, York Höller, Olga Neuwirth, Krzysztof Penderecki, Gottfried Rabl, Aribert Reimann, Josef Matthias Hauer, Heinz Winbeck, Erich Zeisl, enregistrant notamment l’intégrale des symphonies de Friedrich Cehra. Parmi ses directeurs musicaux, Leif Segerstam, Lothar Zagrosek, Pinchas Steinberg, Dennis Russell Davies, Bertrand de Billy… Il est également l’orchestre en résidence du Theater an der Wien.

Gabriela Montero, Marin Alsop, RSO Wien. Photo : (c) Bruno Serrou

Cette phalange a confirmé ce soir ses indéniables qualités dans une Symphonie n° 7 en ré mineur op. 70 d’Antonin Dvorak pleine d’allant et respirant large côté instrumental, dans l’esprit de la Symphonie n° 3 de Johannes Brahms dont s’inspira ici Dvorak, malgré une direction de Martin Alsop plutôt creuse car dénuée de fulgurances héroïques et de toute trace de nostalgie. En outre, le problème est que la cheffe new-yorkaise a négligé le fait qu’elle dirigeait un orchestre autrichien dont elle est pourtant la directrice musicale, inscrivant en première partie de son programme une pianiste compositrice (?) vénézuélienne sans inspiration, Gabriela Montero, troisième Prix du Concours Frédéric Chopin de Varsovie 1995, qui a donné un Concerto n° 24 pour piano et orchestre en ut mineur KV. 491 de Mozart à l’encéphalogramme plat, la pianiste jouant avec un IPad devant le nez posé sur le pupitre, incapable de faire chanter l’instrument qu’elle jouait et, toute dans l’esbroufe, allant jusqu’à demander à la fin au public de lui suggérer une mélodie populaire afin d’improviser un bis forcément sans intérêt. 

Déception aussi pour l’œuvre en création française, Heliosis de l’Autrichienne Hannah Eisendle (née en 1993), élève entre autres de Marin Alsop, qui l’a commandée pour le RSO Wien, tonitruant et hollywoodien pensum de sept minutes qui semblent durer le double à la « gloire » du soleil brûlant de l’été…

À noter la disposition à l’Allemande du quintette des cordes, violons I et II se faisant face, altos et violoncelles entre eux et contrebasses derrière les violons II, ce qui a permis à la symphonie de Dvorak de sonner dans l’évidence de son écriture contrapuntique.

Bruno Serrou

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