jeudi 16 février 2023

Sous l’élégante direction de Dima Slobodeniouk, l’Orchestre de Paris et ses chœurs enthousiasment tandis que le violoniste Ray Chen déçoit

Paris. Philharmonie. Salle Pierre Boulez. Mercredi 15 février 2023

Dima Slobodeniouk et l'Orchestre de Paris. Photo : (c) Bruno Serrou

Concert de l’Orchestre de Paris à la Philharmonie, avec un chef clair, élégant, simple, le chef finlandais d’origine russe Dima Slobodeniouk, qui remplaçait la cheffe hongkongaise Elim Chan, dans un programme étonnant à première lecture, mais logique au sein chacune de ses deux parties, introduites avec le Chœur de l’Orchestre de Paris.

Dima Slobodeniouk, Ray Chen, Orchestre de Paris. Photo : (c) Bruno Serrou

C’est avec l’une des grandes partitions pour chœur et orchestre de Johannes Brahms que l’Orchestre de Paris et ses chœurs ont ouvert le programme de ce 16 février. L’œuvre trop rare bien qu’elle soit la plus programmée, le tragique mais lumineux Nänie pour chœur mixte et orchestre op. 82 (1881) sur un poème de Friedrich Schiller inspiré des nénies antiques, partition dont le climat, qui passe de la sombre méditation de l’ombre de la mort à la lumière de l’espérance, revient plus ou moins à celui de Un Requiem allemand op. 45 créé douze ans plus tôt. Ce qu’a su parfaitement restituer le Chœur, préparé par Ingrid Roose, et l’Orchestre de Paris. Ce dernier s’imposera opportunément dans l’œuvre célébrissime de Félix Mendelssohn-Bartholdy qu’est son Concerto pour violon et orchestre n° 2 en mi mineur op. 44 dans son dialogue avec un violoniste taïwano-australien, Ray Chen, à l’élégance de pop’ star dont la posture, la stature et les gestes d’athlète sur les starting-blocks se sont avérés singulièrement gênants pour l’écoute dominée par l’impression déplaisante d’un jeu serré, asphyxiant côté son, et vide de sens côté interprétation excessivement rapide, tandis que le Stradivarius de Jascha Heifetz, le Dolphin de 1714, sonnait sous son archet sec et terne, ses harmoniques paraissant comme éteintes. Au terme de sa décevante prestation, Ray Chen s’est lancé dans une présentation longuette d’une pièce plus encore interminable puisée dans le répertoire « typiquement australien », qui sonnait comme un morceau de souche étatsunienne insipide…

Choeur et Orchestre de Paris. Photo : (c) Bruno Serrou

Consacrée au seul Piotr Ilyich Tchaïkovski, la seconde partie a en revanche suscité l’enthousiasme. Le Chœur de l’Orchestre de Paris l’a introduite a capella avec l’Hymne des chérubins extrait de la Liturgie de saint Jean Chrysostome op. 41 de 1878 d’une beauté et d’une émotion poignantes, interprétée avec retenue, rigueur et ferveur. Seul face à l’Orchestre de Paris, Dima Slobodeniouk a pu démontrer ses qualités intrinsèques de ses gestes larges et précis, sa silhouette distinguée, au service de la seule musique, donnant une lecture vertigineuse de la Symphonie n° 4 en fa mineur où tous les pupitres de l’Orchestre de Paris ont rutilé, particulièrement les instruments à vent, bois et cuivres, même si le finale, le mouvement le plus faible de l’œuvre, n’a pas pu se défaire pleinement de son aspect pompier tonitruant, à la limite du prosaïque.

Bruno Serrou

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