lundi 18 septembre 2023

Délicieuses « schubertiades » de Maria João Pires et ses amis à la Philharmonie de Paris

Paris. Philharmonie. Salle Pierre Boulez. Dimanche 17 septembre 2023 

Maria João Pires. Photo : (c) Philharmonie de Paris 

Après avoir dû annuler sa venue la saison dernière pour des raisons de santé, Maria João Pires vient d’enchanter tout un week-end durant, en ce début de saison, la Philharmonie de Paris et son public venu nombreux écouter l’une des plus grandes pianistes contemporaines entourée d’excellents musiciens dans des programmes denses, variés et dans lesquels son art s’exprime pleinement. 

Schubertiades. Photo : DR

C’est une authentique Schubertiade, telle que le compositeur viennois en organisait de son vivant, qui a été proposé dimanche après-midi à la Philharmonie de Paris sous la houlette de Maria João Pires, qui, à l’instar de Martha Argerich & Friends, s’est produite avec quelques-uns de ses amis. Au nombre de treize cette fois, auxquels s’est ajouté un ange protecteur qui se contentait de veiller sur le spectacle, stoïque, dans une scénographie d’esprit africain du sud Maghreb réalisée par Judite da Silva Gameiro, avec la chanteuse mozambicaine Selma Uamusse dans un Ave Maria a capella au thème fondateur dérivé de celui de Schubert précédemment chanté par Thomas Humphreys - avec Maria João Pires au piano -, entonné d’une voix puissante et incantatoire suivi, après l’entracte, d’une brillante improvisation jazz sur le lied de Schubert Die Forelle (La Truite) avec cette fois le pianiste Thomas Enhco, petit-fils du chef d’orchestre percussionniste Jean-Claude Casadesus, qui assistait à cette matinée.

Schubertiades Maria João Pires à la Philharmonie de Paris. Photo : (c) Bruno Serrou

En effet, Maria João Pires, qui a ouvert la schubertiade en duo avec Ignasi Cambra dans l’Allegro en la mineur « Lebensstürme » D 947 et alterné par la suite avec deux autres pianistes, Lilit Grigoryan et Thomas Enhco, qui se sont produits soit en solo soit en compagnie de leur hôtesse, qui, pour sa part, a magnifiquement accompagné l’excellent baryton écossais Thomas Humphreys, ponctuant ensemble le concert avec émotion dans cinq lieder schubertiens (Erstarrung extrait du Winterreise, Ave Maria, Litanei auf das Fest Aller Seelen, Du bist die Ruh, concluant le programme avec Meeres Stille D 216). La pianiste portugaise a interprété en solo le seul Impromptu n° 3 en si bémol majeur « Rosamunde » D 935, tandis que sa consœur arménienne Lilit Grigoryan d’oniriques Moments musicaux D 780.


Schubertiades Maria João Pires à la Philharmonie de Paris. Photo : (c) Bruno Serrou

Mais le moment attendu de ce concert a été le Quintette pour piano et cordes en la majeur D 667 « La Truite », joué avec une grâce, une poésie, un lustre, une simplicité lumineuse extraordinaires, avec, autour de la pianiste portugaise, le violoniste hongrois Gyula Stuller, l’altiste franco-taïwanaise Lu Yung-Hsin Chang, le violoncelliste brésilien Antonio Meneses et le contrebassiste français Ulysse Vigreux. Avant cette grande et célébrissime page de musique de chambre de Schubert, le même quatuor de cordes associé cette fois à la pianiste Lilit Grigoryan, avaient interprété le court quintette avec piano de la compositrice sud-africaine Bongani Ndodana-Breen (née en 1975), Intlanzi Yase Mzantsi (Le Poisson du Sud) conça en 2006 dont le matériau est puisé dans le Quintette « La Truite » de Schubert.

Bruno Serrou

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