Philharmonie. Grande Salle Pierre Boulez. Mercredi 3 décembre 2025
Le concert de cette semaine de l’Orchestre de Paris était dirigé par son actuel directeur musical, Klaus Mäkelä, dans un programme sans pôle précis. La première partie était entièrement dévolue à la petite trentaine de minutes du Concerto pour piano n° 17 en sol majeur KV. 453 de Wolfgang Amadeus Mozart, l’une de ses œuvres concertantes les plus populaires. La soliste en était la pianiste japonaise Mitsuko Uchida qui a assuré le service minimum, jouant un piano clair, limpide, mais chantant peu et ne projetant guère de lumière, surtout dans l’Andante central dont le lyrisme a laissé la soliste froide, avant d’être poussée malgré elle à un bis, mais ne jouant que six doubles notes hésitantes, deux fois les mêmes trois notes à peine audibles.
La seconde partie réunissait deux œuvres d’orchestre fort différentes l’une de l’autre. D’abord une création française d’une longue (vingt-deux minutes) pièce commandée par les quatre institutions symphoniques dirigées par Klaus Mäkelä (Orchestre de Paris - Philharmonie, Royal Concertgebouw d’Amsterdam, Oslo Filharmonien et Chicago Symphony Orchestra) à un compositeur suédois, Anders Hillborg (né en 1954), intitulée Hell Mountain (Montagne de l’enfer) hommage à Gustav Mahler, qui composait l’été sur les rives du lac Attersee en Haute-Autriche, au sud-est de l’Höllengebirge qui culmine à 1800 mètres d’altitude. C’est là qu’il avait commencé sa Symphonie n° 10 en fa dièse majeur. La pièce du compositeur suédois, qui nécessite la participation d’un orchestre fourni (1), cite à trois reprises le Höhepunkt (point culminant) et son impressionnant cluster de l’Andante-Adagio de la symphonie commencée en 1910, une fois en son entier quelques secondes après le début dans la façon d’origine, puis au centre avec l’appoint de la percussion, et à la fin de façon succincte, les trois citations étant reliées par des magmas interminables de cordes enrichies de temps à autres de bois, de cuivres et de harpe.
Il aura fallu attendre la fin de ce qui m’est apparu comme un pensum passe partout pour retrouver ses esprits, avec une flamboyante interprétation de la Symphonie en ut majeur de Georges Bizet. Cette œuvre de jeunesse composée à 17 ans, écrite à sa sortie du Conservatoire de Paris pour un effectif mozartien (mais quatre cors), n’a été retrouvée qu’en 1933 par le musicologue Jean Chantavoine dans un legs de Reynaldo Hahn au Conservatoire de Paris, et ne sera créée que le 26 février 1935 à Bâle sous la direction de Felix Weingartner. Pleine de fraîcheur et de spontanéité naturelle, cette œuvre est un véritable rayon de soleil de moins de trente-cinq minutes. Sous la conduite volontaire de Klaus Mäkelä, l’Orchestre de Paris a joué cette partition avec une virtuosité au dynamisme jovial, un élan d’une spontanéité toute juvénile, portée par les cordes bouillonnantes et un hautbois solo de très grande classe, Alexandre Gattet.
Bruno Serrou
1) 3 flûtes (jouant aussi piccolo), 3 hautbois, 3 clarinettes, saxophone
soprano, 2 bassons, contrebasson, 4 cors, 3 trompettes, 2 trombones, trombone
basse, trombone contrebasse, tuba, timbales, percussion, piano, harpe, cordes
(16, 14, 12, 10, 8)



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