vendredi 5 décembre 2025

Hymne au « héros » Beethoven par l’Orchestre des Champs-Elysées et le Collegium Vocale Gent de Philippe Herreweghe

Paris. Philharmonie. Grande Salle Pierre Boulez. Lundi 1er décembre 2025

Philippe Herrewegh, Orchestre des Champs-Elysées, Collegium Vocale Gent
Photo : (c) Bruno Serrou

Comme toujours avec Philippe Herreweghe, les programmes de ses concerts sont habilement pensés. Ainsi, lundi soir, le chef belge a réuni une symphonie de Beethoven et une partition chorale sacrée de Cherubini, cette dernière ayant été jouée à Vienne le 29 mars 1827 lors de la cérémonie funèbre de l’auteur de la première des pages proposées qui réunit entre dix mille et trente mille viennois 

Philippe Herreweghe, Orchestre des Champs-Elysées
Photo : (c) Bruno Serrou

Philippe Herreweghe la première soirée de décembre à la Philharmonie de Paris a proposé un programme consacré au premier romantisme. La Symphonie n° 3 en mi bémol majeur op. 55 « Eroica » (1802-1803) de Ludwig van Beethoven (1770-1827) a ouvert le programme, exécutée par un Orchestre des Champs-Élysées aux couleurs sombres enlevée avec vigueur, au point de faire courir des risques aux musiciens, ce qui a été immédiatement perceptible par un pain du premier cor dans le mouvement initial mené avec détermination par le chef belge, tandis que la Marche funèbre est apparue trop distanciée tant la rythmique et les élans ont manqué de fermeté. Ce qui n’a pas empêché Philippe Herreweghe de donner une Eroica globalement puissante, et surtout d’une humaine profondeur, n’appuyant jamais l’affect, au risque de ne pas apparaître assez tendue, haletante, quoique vaillamment interprétée par un Orchestre des Champs-Elysées bouillonnant jouant avec précision sur instruments « historiquement informés ».

Philippe Herreweghe, Orchestre des Champs-Elysées
Photo : (c) Bruno Serrou

La seconde partie du concert a associé à l’Orchestre des Champs-Elysées créé par Philippe Herreweghe en 1991, la formation chorale avec laquelle le chef belge s’imposa dès 1970 parmi les grands interprètes de sa génération ayant porté l’interprétation du répertoire des XVIIe et XVIIIe siècles en s’appuyant sur leurs propres recherches musicologiques, le Collegium Vocale de Gand, avant d’élargir leur champ d’investigation sur le premier romantisme (1). Consacrée au premier des deux requiem de Luigi Cherubini (1760-1842), celui en ut mineur. Créé le 21 janvier 1817 en la basilique de Saint-Denis lors d’une cérémonie nationale à la mémoire de Louis XVI exécuté vingt-quatre ans plus tôt, à la suite d’une commande de son frère, le roi Louis XVIII à son surintendant de sa chapelle d’origine florentine installé 1787 à Paris dont il dirigea le Conservatoire royal, ce requiem en sept parties est mû par un élan plus ou moins belliciste où il est question de « Roi » et d’« Armées », sans solistes mais avec un chœur omniprésent incarné de façon exemplaire par le remarquable Collegium Vocale Gent, soutenu par un Orchestre des Champs-Elysées concentré et lyrique, faisant clairement entendre dans la réalisation de cette partition de circonstance un traitement des cordes original, tandis que le Dies Irae s’ouvre sur un appel des violoncelles appuyés par de virulents coups de tam-tam. J’avoue que j’ai souhaité assister à ce concert pour cette œuvre que je n’avais jamais entendue en concert, contrairement au second u même Cherubini, cette fois en mineur composé en 1836. J’aurais très bien pu continuer à vivre sans l’entendre, mais au moins désormais je sais, d’autant plus que j’ai pu l’écouter dans les meilleures conditions possibles.

Bruno Serrou

1) Ne pas oublier que, fondateur de l’ensemble Musique Oblique en 1982, Philippe Herreweghe se sera également illustré dans la création contemporaine

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