mardi 6 février 2018

Thierry Escaich, ou la tradition fertile, invité central du festival Présences de Radio France 2018

Thierry Escaich (né en 1965). Photo : (c) Thierry Escaich / Sébastien Erome

Comme chaque mois de février depuis vingt-sept ans, le festival Présences de Radio France festival de musique contemporaine de Radio France, propose une semaine consacrée à la musique contemporaine. Cette année, Thierry Escaich en est l’invité référent.

Compositeur, organiste, improvisateur, professeur au Conservatoire de Paris né en 1965, Thierry Escaich est déjà l’auteur de plus d’une centaine de partitions. S’il a beaucoup écrit pour l’instrument de la tribune de Saint-Etienne-du-Mont à Paris, où il a succédé à Maurice Duruflé, il s’intéresse à tous les effectifs. « A l’église, dit-il, je suis au service de la liturgie et des fidèles, et non pas pour m’y imposer comme compositeur. Mon style s’inspire néanmoins de la musique liturgique, s’exprimant sur le temps long, le discours évoluant lentement, et c’est peut-être en cela que l’on peut me considérer dans la ligne de Messiaen. » Cette culture du rituel est l’une des caractéristiques d’Escaich, qui cherche constamment à concevoir des œuvres suffisamment fortes pour porter l’auditeur à la transcendance. « J’ai tôt trouvé mon style, et je n’ai pas fait de virage esthétique, concède-t-il. Mais je n’ai pas non plus de vision passéiste, je suis plutôt comme un déformateur. »

Présences brosse un double portrait de Thierry Escaich, le compositeur et l’interprète, deux activités qui lui sont indissociables. « Le compositeur doit faire acte de présence scénique, comme cela a toujours été le cas jusqu’au début du XXe siècle. Les gens ont besoin d’une incarnation, si bien que le compositeur ne peut plus rester dans sa tour d’ivoire. Il est aussi important qu’il ne refuse pas la musique populaire. Ce n’est pas pour moi démagogie, car je la connais de l’intérieur, venant de l’accordéon, mais je rejette le côté commercial, et si nos oreilles sont grandes ouvertes, il n’est pas question de singer. » La voix tient également une place prépondérante chez Escaich. « Il faut remettre la pratique chorale au cœur de l’enseignement, avec une formation à la polyphonie. C’est indispensable à la création de nouveaux publics. C’est pourquoi je fonde beaucoup d’espoir sur la réforme du ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer. » 

Outre ses propres œuvres, dont plusieurs créations mondiales, Escaich, qui a participé à l’élaboration de la programmation de Présences, a souhaité créer des univers à chaque concert et non un simple exposé d’œuvres, de styles et de compositeurs. Ainsi, toutes les écoles sont représentées, et un certain nombre d’élèves d’Escaich au Conservatoire, comme Grégoire Rolland, Thomas Ospital, Jean-Frédéric Neuburger ou Marie-Ange N’Gucy, sont présents. Après Présences, Escaich est l’invité du Festival Aspects des Musiques d’Aujourd’hui de Caen (1). Parmi ses projets, la création en mai 2020 de son deuxième opéra, à l’Opéra de Lyon après le succès de Claude en 2013, un conte philosophique médiéval perse sur un livret d’Atiq Rahimi.

Bruno Serrou

Du 6 au 11 février. Rens. : 01.56.40.15.16. www.maisondelaradio.fr/festival-presences-2018. 1) 20-25/03 (www.conservatoiredecaen.fr)

Article initialement publié dans le quotidien La Croix du mardi 6 février 2018

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